Il arrive assez fréquemment que les actualités se télescopent dans la noosphère, comme ce fut le cas lors des semaines écoulées où nous avons assisté à la légitimation d’idées autrefois tabous, rappelant d’ailleurs ces « zeures les plus sombres de notre histoire » si fréquemment convoquées ces dernières années qu’on ne sait plus les reconnaître quand elles reviennent véritablement. Permis de procréer sur L’Obs et permis de tuer sur Konbini : comment en sommes-nous arrivés là ?
Trois tendances semblaient se dégager depuis quelques semaines dans le cadre de la chasse à l’Homme que livrent les nouvelles ligues de petite vertu : les pervers narcissiques, la vasectomie pour tous et bien évidemment …la « masculinité toxique ». C’était sans compter sur l’arrivée en force de l’eugénisme compassionnel sur Konbini, grâce à l’inénarrable Hugo Clément.
Notre homme s’était déjà fait remarquer l’an passé en conviant une dame qui avait planifié son suicide assisté en Suisse et qui militait pour la légalisation de la pratique, mais aussi dernièrement en interrogeant un homme tout fier après avoir annoncé sa vasectomie censée sauver la planète de ses futurs rejetons – soit dit en passant, ce n’est peut-être pas plus mal de nous épargner ça -.
Au micro d’Hugo Clément donc, qui s’étonne que les porcs exposés au salon de l’agriculture finissent à l’abattoir, car il devait croire qu’on leur payait une retraite aux Caraïbes, s’expriment des « âmes en détresse », des gens qui ont des « témoignages à nous donner », dont Anne Ratier qui a confessé le meurtre de son enfant polyhandicapé âgé de trois ans en 1987.
On aimerait être compatissants envers cette dame. On voudrait nous aussi comprendre ce qui a pu la pousser à commettre un tel acte. Qui sommes-nous pour juger ce qu’elle a pu traverser ? Mais, au fond, est-ce le sujet principal de cette sombre affaire ?
Il est sidérant de penser qu’on puisse donner la parole à une meurtrière- c’est bien de ça qu’il s’agit -, y compris si elle a des circonstances atténuantes, et surtout de faire la promotion de ce geste qui, rappelons-le, est illégal au regard du droit pénal en vigueur. Permis de tuer, oui. Permis de tuer les éclopés, les handicapés et les gênants.
Lire la suitePermis de procréer et permis de tuer : le grand renversement