23/10/2014 – PARIS (NOVOpress)
La remigration ? On en parle de plus en plus. Après un entretien avec Nicolas Bay (Présent du 21 octobre), c’est au tour de l’équipe du blog Le Rouge et le Noir de répondre. Suivront Guillaume Faye, Philippe Vardon, Jared Taylor…
Propos recueillis par Pierre Saint-Servant
Vous avez lancé durant l’été une grande controverse sur le thème de l’immigration et de l’invasion des flux migratoires. Vous revenez particulièrement sur le nouveau concept de remigration. En quoi cette question vous semble-t-elle incontournable ?

Il suffit d’ouvrir les yeux et de mettre un pied dans la rue pour se rendre compte de la réalité du « fait migratoire ». En tant que phénomène de masse, l’immigration extra-européenne et islamique modifie durablement le visage de la France. Nos adversaires progressistes tiennent un double discours. D’un côté, ils qualifient de « fantasmée » toute analyse critique de l’immigration. De l’autre, ils montrent, à travers leurs discours, que leur démarche est idéologique. A titre d’exemple, Laurent Fabius déclarait en 2003 : « Quand la Marianne de nos mairies prendra le beau visage d’une jeune française issue de l’immigration, ce jour-là la France aura franchi un pas en faisant vivre pleinement les valeurs de la République. » Réalistes, nous abordons la question essentielle de l’identité. C’est dans ce cadre que la remigration doit être abordée.
Par un travail poussé de réflexion doctrinale, vous souhaitez montrer que la remigration ne relève pas d’une vision fantasmée ou caricaturale de la politique. Vous la présentez comme une démarche concertée, pacifique autant que possible et ne négligeant aucun des ressorts des flux migratoires. Une manière de sortir de l’ornière où étaient bloqués ces sujets ?
L’immigration est un phénomène complexe ; la remigration n’est pas l’unique solution. Cependant, la politique étant, selon Richelieu, « l’art de rendre possible ce qui est nécessaire », il est absurde de ne pas poser la question de la remigration. De deux choses l’une : soit l’on considère que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, il est alors vain d’envisager la remigration. Mais si l’on est réaliste, les tabous sur l’immigration doivent être brisés. Il est nécessaire d’étudier la conformité de la remigration – concept récent – à l’Evangile. D’ailleurs, tous nos auteurs n’ont pas donné leur aval à ce nouveau concept : certains préféreraient redéfinir la citoyenneté ; d’autres, encourager uniquement une politique familiale. Le débat reste ouvert, et notre réflexion doctrinale doit être approfondie.
Votre blog assume un positionnement catholique très clair. Vous êtes probablement les premiers – en dehors des positions épiscopales ou pontificales – à confronter la morale catholique à ces sujets. Comment expliquer un tel silence des catholiques ?
Les catholiques français sont tout autant prisonniers du politiquement correct que les autres contemporains. Ce n’est pas tant le monde catholique qui a brillé par son silence, mais la société dans son ensemble. Le réveil du pays réel vient, mais il est extrêmement tardif ! La passivité des catholiques fut longtemps nourrie par la mauvaise compréhension d’une charité biaisée et par un conformisme bourgeois. La nouvelle génération de catholiques français doit réhabiliter la charité authentique ; la première des charités résidant dans l’engagement politique.