D’autres seraient rassasiés. Elle était arrivée du Congo, voici trente ans, sous prétexte d’études, clandestinement ou avec un visa vite expiré – on trouve les deux versions –, est restée sur place illégalement pendant une décennie, grâce à des réseaux « charitables » catholiques, est devenue italienne pour s’être trouvé un mari indigène – les deux époux sont, paraît-il, aujourd’hui séparés et le mari a fait savoir qu’il votait pour la Ligue du Nord. Du jour où elle est entrée en politique, sa carrière a été fulgurante, élue locale, députée, ministre, grâce à sa couleur de peau. Elle a profité à fond de tous les avantages, passe-droits et privilèges de sa nouvelle caste, courant les boutiques de luxe et vivant sur un pied inaccessible à 95 ou 99% des Italiens. Elle est désormais député européen – fromage des plus gras, comme on sait – et vient d’être chargée de définir la politique d’immigration pour l’Europe entière. Quel parcours depuis le Katanga !
Kashetu Kyenge (photo) n’entend pourtant pas s’en tenir là. Il ne lui suffit pas d’être, selon le mot fameux, chez elle chez nous. Elle veut y être le maître et que les indigènes n’aient pas le droit, non seulement de résister – qui y pense ? – mais même de se plaindre. Elle ne prend plus la peine de s’en cacher et parle désormais sur le ton de Tartuffe démasqué :
La maison m’appartient, je le ferai connaître,
Depuis six mois, à intervalles réguliers, Kashetu Kyenge formule ses exigences dans le quotidien en ligne Affaritaliani.it, plus précise et menaçante à chaque fois. Le 30 août, elle demandait « une loi avec des sanctions contre les partis qui promeuvent des programmes racistes » : elle citait alors la Ligue du Nord et le petit parti nationaliste Forza Nuova, lesquels, selon elle, devaient être « mis hors la loi ». Le 30 octobre, elle réclamait une loi « pour interdire à la Ligue du Nord et à Forza Nuova de se présenter aux élections ». Dimanche, au soir de la grande manifestation nationale de la Ligue du Nord et de Casapound, réunies à Rome autour de Matteo Salvini, elle a exigé un durcissement de la loi antiraciste Mancino (l’équivalent italien, pour l’instant en plus modéré, des lois Pleven et Gayssot). Elle a détaillé les peines à infliger : « sanction économique sous forme d’une amende à payer à l’État », pour les particuliers comme pour les partis ; emprisonnement (« une mesure extrême qui doit cependant être prise en considération ») ; interdiction de se présenter aux élections pour « les partis ou les groupes politiques » ; et, en dernière analyse, rien de moins que la mise au ban de la société : « Quiconque discrimine de quelque manière que ce soit doit être éloigné des institutions et de la société ».