05/09/2011 – 18h00
NICE (NOVOpress) – Ils étaient hier soir une quarantaine venus pour écouter David Nakache et ses amis présenter la candidature d’Arnaud Montebourg aux “primaires citoyennes” du PS, et évoquer plus précisément son projet de démondialisation. Parmi les participants, une dizaine de militants identitaires et Philippe Vardon (président de Nissa Rebela et membre du Bureau Politique du Bloc Identitaire) dont la présence n’est pas passée inaperçue, puisqu’il a été interviewé dès son arrivée par les médias locaux, manifestement troublés par cette convergence étonnante à leurs yeux. Pourtant, dans son récent ouvrage “Eléments pour une contre-culture identitaire”, Philippe Vardon a consacré une entrée à la démondialisation, et voici quelques jours seulement les Identitaires proposaient l’organisation d’Assises de la Démondialisation dépassant les clivages partisans.
Le projet n’est pas encore certain d’aboutir car, après des exposés techniques particulièrement intéressants, est venu le temps des questions et des crispations. Prenant la parole, Philippe Vardon a d’abord rappelé que le protectionnisme, défendu à la tribune par les cadres socialistes, ne pouvait aller de pair qu’avec une relocalisation de l’économie, c’est-à-dire des activités humaines. Et continuant sa démonstration, il les a appelés – et à travers eux Arnaud Montebourg – à être conséquents, prônant une “démondialisation intégrale”, passant aussi par la relocalisation des êtres humains. Comment dénoncer les délocalisations (comme le rappelle justement un orateur, on en vient aujourd’hui à délocaliser à l’intérieur même de la Chine, des côtes aux terres, pour abaisser les coûts salariaux !) sans dénoncer cette véritable délocalisation à domicile qu’est l’immigration massive et incontrôlée ? C’est la question que Philippe Vardon a adressée, en citant Walden Bello, le Philippin créateur du concept de déglobalisation, devenu la démondialisation une fois francisé, qui estime lui-même qu’il est nécessaire de “fixer les populations dans leurs aires d’origine”.
Pour répondre, les socialistes n’ont pas, pour leur part, convoqué Walden Bello ou d’autres théoriciens de la démondialisation (Jacques Sapir étant effleuré, et Hervé Juvin même pas évoqué,) mais simplement Pavlov et son chien. La simple évocation du sujet de l’immigration a entraîné des cris d’horreur et des mimiques de dégoût, David Nakache répétant “Non, non et non” et rajoutant à qui voulait bien l’entendre (ou plutôt le croire, car nous sommes là dans le domaine de la pensée magique et non de l’analyse) que “l’immigration est une chance”. Philippe Vardon tentait d’instaurer un dialogue, regrettant la position strictement idéologique et dogmatique des intervenants, et se réclamant d’une analyse pure et simple des faits et d’une position pragmatique (“L’immigration massive fait-elle le bonheur des immigrés et des autochtones ?”). Quelques cris plus tard, il abandonnait…
Néanmoins à la fin de la réunion, plusieurs socialistes mélenchoniens ainsi que des écologistes décroissants venaient, en catimini, lui assurer partager sa vision, alors qu’il conversait devant la salle avec Richard Garcia, membre du CAP Économie de Marine Le Pen et proche de Jean-Richard Sulzer.
Le débat a presque eu lieu, le dialogue beaucoup moins. Il n’en reste que pour être crédible et parler enfin au peuple (si cela les intéresse réellement), les partisans d’Arnaud Montebourg vont encore devoir faire du chemin pour se départir de leurs vielles lunes.
D’autant qu’ils risquent, pour l’instant, la chasse aux sorcières, comme l’indique le mensuel Causeur, dans un article sur la mondialisation et ses ennemis : “Le plus drôle dans l’histoire, ce n’est pas tant les efforts parfois pathétiques des uns pour faire bonne figure dans le grand chapiteau de l’antiracisme mais plutôt les limites du raisonnement par amalgame. Un professionnel de la vigilance aura noté que les Identitaires mènent campagne tambour battant en faveur de la démondialisation, quitte à afficher leur soutien explicite à Arnaud Montebourg – qui s’en passerait bien. Pour développer la brèche ouverte par le député socialiste, ils ont même créé un Collectif pour la démondialisation intégrale assorti d’un site qui ressemble à s’y méprendre à une plate-forme de campagne montebourgeoise.”