31/08/2011 21h30
VERSAILLES (NOVOpress Breizh) – Président de l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles, Jean-Jacques Aillagon a annoncé hier qu’il devra partir à la retraite à la fin du mois prochain. Proche de Jacques Chirac et de François Pinault, il aura profité de son mandat pour transformer Versailles en « machine à coter », au service de l’art financier appelé – bien à tort – « contemporain ».
Ministre de la Culture dans le gouvernement Raffarin de 2002 à 2004 – on lui doit entre autre l’aggravation de la situation du patrimoine architectural français – Jean-Jacques Aillagon était arrivé à la tête du château de Versailles en juin 2007, nommé par Nicolas Sarkozy. A ce titre il organisera en 2008 une exposition de l’américain Jeff Koons : 17 œuvres kitsch – dont un homard géant ( !) – orneront les appartements et les jardins de Versailles. En 2010, il récidivera avec cette fois les créatures du japonais Takashi Murakami, considéré comme l’un des chefs de file du « néo-pop japonais dit Superflat » auxquelles succèderont , cette année, les « sculptures » géantes de Bernar Venet.
C’est peu dire que ces expositions ont fait du bruit, déclenchant des réactions indignées, mais c’était bien là le but recherché. Comme le fait remarquer l’historienne de l’art Christine Sourgins (Magistro 14/09/2010) « le scandale fait partie de la construction de la valeur dans l’art financier, habile à récupérer l’indignation et à la transformer en notoriété. » Et en espèces sonnantes et trébuchantes.
Ainsi de l’exposition Jeff Koons. François Pinault – dont Aillagon avait été le conseiller artistique – avait en partie financé celle-ci et prêté six œuvres de l’Américain tirées de sa collection personnelle. Effet du hasard, peu après l’évènement, le milliardaire breton avait mis en vente trois œuvres de Koons chez Christies pour un montant de plusieurs millions de dollars, l’exposition à Versailles ayant fait augmenter la cote de l’artiste. Un scénario qui se reproduira avec l’exposition Takashi Murakami, toujours avec le concours de François Pinault.
Sous la direction de Monsieur Aillagon, Versailles aura donc connu une période de disneylandisation qui, sous prétexte de « démocratiser » le château en y introduisant une culture dite « populaire », n’aura en réalité servi que l’art financier et une poignée de spéculateurs. Aillagon – Pinault, ou « l’union sacrée financiers/fonctionnaires caractéristique de l’art officiel français » (Christine Sourgins).