25/08/2011 – 18h15
DAMAS (via InfoSyrie.fr) — Les relations syro-américaines étant ce qu’elles sont, on ne risque pas de les dégrader davantage. C’est ce qu’ont dû se dire les manifestants qui, à Damas, mardi 23 août, ont réservé un accueil chaud – ou frais, c’est selon – à l’ambassadeur Robert Ford, bien connu désormais pour sa participation – pas très diplomatique – aux manifestations des opposants radicaux de Hama, le 8 juillet dernier.
Depuis d’ailleurs, il continue de porter les encouragements d’Obama-Clinton aux opposants aux quatre coins du pays. Et c’est toujours dans le cadre de cette « diplomatie d’ingérence », que Mr Ford était venu apporter son soutien à une réunion d’avocats proches de l’opposition à l’hôtel Cham. Las, au sortie de la dite réunion, Robert Ford s’est retrouvé nez à nez avec un groupe de supporteurs de Bachar al-Assad. Ceux-ci, qui brandissaient une affiche à l’effigie du président syrien, ont copieusement conspué l’ambassadeur-déstabilisateur, recyclant avec beaucoup d’à-propos le vieux slogan « US go home ! » et proclamant vigoureusement leur amour conjoint de Bachar et de la Syrie.
Ford a vite été contraint au repli dans son 4×4 vitres-blindées-et-fumées sous la protection de ses bodyguards, serré de près par les manifestants qui ont pu symboliquement plaquer l’affiche de Bachar sur le pare-brise du véhicule diplomatique.
D’un ambassadeur US à l’autre
La télévision syrienne, c’est de bonne guerre psychologique, s’est emparée de l’incident. Nous mettons en ligne ci-dessous le reportage, hélas réservée prioritairement aux arabophones : on y voit un des manifestants raconter les péripéties de l’incident, puis on voit Ford circonspect à la sortie de l’hôtel Cham, avant de regagner précipitamment sa voiture, escorté vigoureusement par les « bacharistes ».
On sait que les Américains n’apprécient guère qu’on touche, même symboliquement, à leurs diplomates et aux signes extérieurs de leur puissance. L’administration Obama n’avait pas beaucoup aimé les jets de pierre contre son ambassade de Damas en juillet dernier, nul doute qu’elle condamnera vigoureusement la « reconduite » de Ford à sa voiture à défaut d’y pouvoir trouver un prétexte convaincant pour une intervention armée. La fin du reportage de la télévision syrienne devrait d’ailleurs, à cet égard, apaiser un peu cette blessure d’amour-propre diplomatique, puisqu’on a droit à une interview de l’ancien ambassadeur américain en Irak Edward Peck, présent à Damas dans le cadre de la visite d’information – ou de réinformation – organisée dans la capitale syrienne et à Hama par les autorités et des des décideurs économiques syriens du 20 au 22 août. Peck, dont nous allons mettre en ligne l’entretien qu’il nous a accordé en cette circonstance, est un opposant résolu à la politique arabe – et syrienne – de son gouvernement. On voit donc que même au pays d’Hillary Clinton et de Paul Wolfowitz, il y a encore des personnalités courageuses pour essayer de sauver l’honneur perdu de la diplomatie américaine.