24/08/2011 – 09h15
TRIPOLI (NOVOpress) — Le bourbier libyen dont Alain Juppé prédisait une issue courte n’a pas fini de faire parler. Certes, si l’on en croit le concert unanime des annonces diffusées par les médias occidentaux, la chute de Mouammar Kadhafi serait une question d’heures. Loin d’obtenir un satisfecit pour avoir déposer l’ex-ami des chefs d’États occidentaux, les guerroyeurs de l’OTAN vont désormais faire face à plusieurs dilemmes dont le principal sera d’installer une personne capable de pérenniser « le vent démocratique » (sic) qui souffle sur la Libye. Une mission qui s’annonce ardue tant ce pays risque d’assister à des règlements de compte inévitables même si le CNT s’en défend. Mais surtout, quel rôle jouera désormais le très célèbre chef du Conseil national de transition (CNT), Moustafa Mohamed Aboud al-Djeleil, adoubé par les Sarkozy et consorts, dont le pédigrée est entaché par une collaboration de quatre années avec le régime de Kadhafi ?
Voulant certainement couper l’herbe sous le pied de ses détracteurs, il s’est dit « prêt à comparaître devant la justice pour avoir coopéré par le passé avec le colonel Kadhafi » lors d’une conférence de presse à Benghazi, retransmise par des chaînes arabes. Une annonce qui révèle la fragilité latente de la coalition formée par le CNT dont les murs pourraient rapidement se lézarder sur la question de la personne la plus chevronnée pour diriger le pays. Ainsi comme le mentionne Kamran Bokhari, analyste chez STRATFOR, aucun homme ne fait l’unanimité dans les rangs des insurgés. La quête du pouvoir, sous contrôle américain évidemment…, pourrait opposer le dissident Ali Tarhoun ou l’actuel Premier ministre du gouvernement des rebelles et ancien responsable chargé du développement sous Kadhafi, Mahmoud Jibril. Ou comment, selon la formule, faire du nouveau avec de l’ancien. Après les bombardements meurtriers de l’Otan, la Libye est un pays exsangue qui pourrait rapidement s’exposer à un scénario comme celui que connait actuellement l’Irak, aujourd’hui en proie à une véritable guerre civile après la victoire des forces alliées de l’OTAN en 2003.