23/08/2011 15h45
ROME (NOVopress) – Ce n’est que le énième scandale du genre mais il touche Vogue Italia, le plus prétentieux comme le plus politiquement correct des magazines de mode, qui dénonce régulièrement le « racisme » de la profession et avait été porté aux nues en 2008 pour son numéro « All Black », entièrement consacré à des mannequins noirs, pour dénoncer les discriminations dont ceux-ci seraient victimes.
En matière d’antiracisme, hélas, la roche Tarpéienne est près du Capitole. Vogue Italia est sur le banc des accusés depuis quelques jours pour avoir consacré un article aux « Slave Earrings » (boucles d’oreilles d’esclave). « Si le nom, expliquait la journaliste de Vogue Italia, évoque les traditions décoratives des femmes emmenées au sud des États-Unis durant la traite des esclaves, la nouvelle interprétation est celle de la liberté pure. Des pierres colorées, des pendants symboliques, des sphères multiples. Et l’évolution continue ».
L’indignation est mondiale mais les « fashionistas » anglo-saxonnes sont particulièrement en pointe. Le site Jezebel a dénoncé « les “boucles d’esclave” incroyablement racistes de Vogue Italia ». La mention de « la liberté pure » est à l’évidence « une allusion raciste ». Bref, « alors que Vogue Italia paraissait un peu plus éclairée » que les éditions française et américaine, elle « nous ramène des décennies en arrière ». Le Guardian est si indigné qu’il en est à peine intelligible : « Il est choquant de voir le mot “esclave” encouragé d’une manière si audacieuse et éhontée comme un point focal du style ».
Une campagne a été lancée sur Internet pour exiger que l’article soit retiré « et des excuse adressées spécifiquement aux femmes noires parce que les supposés récits d’esclavages des femmes noires ont été utilisés dans cette publicité ».
Vogue Italia s’est affolé. La rédactrice en chef a commencé par s’excuser en incriminant une « faute de traduction » : « Le mot italien, qui définit ce style de boucles d’oreilles, aurait dû être traduit “boucles d’oreilles de style ethnique” ». Le site internet de Vogue a été corrigé et, pour faire bonne mesure, « les femmes emmenées au sud des États-Unis durant la traite des esclaves » sont devenues « les femmes de couleur emmenées au sud des États-Unis à la fin du XVIIIème siècle ». De l’art de la litote…
Ces explications peu convaincantes n’ont fait que stimuler les inquisiteurs. La chroniqueuse de mode du Washington Post, qui est manifestement une polyglotte accomplie, a relevé que « dans la version italienne, les boucles d’oreilles sont décrites comme de “schiave”. Or “schiave” se traduit par esclaves en anglais ». En outre, « le mot “esclaves” apparaît encore parmi les mots-clefs en-dessous de l’article ». Jezebel proteste pour sa part contre la mention « la fin du XVIIIème siècle », alors que « l’esclavage allait rester légal pour presque un siècle de plus » : clairement une insulte à la mémoire de l’Oncle Tom !
Finalement, Vogue en a été réduit à supprimer l’article purement et simplement « pour prouver notre bonne foi et montrer que nous n’avions pas l’intention d’insulter personne ».