22/08/2011 19h30
ROME (NOVOpress) – Le plan d’austérité draconien récemment adopté par le gouvernement italien prévoit entre autres la disparition des communes de moins de mille habitants, condamnées à fusionner. Elles sont 1963 dans ce cas, en particulier dans le Nord : sur 1206 communes du Piémont, 597 devront fusionner. L’Association des petites communes italiennes se mobilise contre le projet, avec des arguments qui ne sont pas méprisables. Selon sa présidente, Franca Biglio, « nous sommes le point de référence pour les gens ». Supprimer la mairie, c’est « faire mourir un morceau du pays ». Et Franca Biglio fait valoir que, beaucoup d’élus ne se faisant même pas payer leurs indemnités, le coût effectif de l’administration des petites communes est seulement d’1,5 million d’euros. « Moins que le coût annuel de trois députés ».
Certains maires menacés préfèrent recourir à la « combinazione ». Celui d’Acceglio, un joli village de montagne dans la province de Coni, à la frontière française, a fait ses comptes : 178 habitants dans sa commune, la disparition assurée ; d’un autre côté, tous ces Africains qui affluent à Lampedusa et dont personne ne sait quoi faire. M. le maire, Riccardo Benvegnù, a donc écrit à son collègue de Lampedusa pour lui offrir d’accueillir 830 immigrés clandestins. Le compte est bon ! Le maire de Lampedusa, trop heureux, s’est hâté de répondre à Benvegnù, l’a félicité « pour son courage et son grand sens de l’État », et s’est engagé à transmettre sa proposition au ministre Roberto Maroni.
Las, les habitants d’Acceglio, qui vivent de l’élevage et d’un peu de tourisme l’été, ont été « épouvantés à l’idée d’une invasion imminente ». Le maire a dû faire machine arrière. Il explique à présent qu’il ne s’agissait que d’une provocation pour se faire entendre et qu’on a eu tort de prendre sa proposition au sérieux. Il va téléphoner au maire de Lampedusa pour s’excuser : « J’espère qu’il comprendra les motivations de mon geste ».
Le maire d’Acceglio est un cas extrême mais il semble que beaucoup fassent comme lui, avec plus de discrétion. Selon le quotidien Il Messaggero, « c’est la chasse à l’immigré ». Les petites communes qui risquent d’être supprimées faute d’atteindre le seuil des mille habitants « sont en train de chercher désespérement, du Nord au Sud, des non-européens et des Roms à incrire à l’état-civil ». « Il y a des maires de Padanie et de la Ligue du Nord qui supplient Lampedusa pour que les clandestins enfermés dans les centres de rétention soient laissés libres de sortir et de venir repeupler leurs communes ». Il Messaggero, journal immigrationniste lié à la démocratie chrétienne, triomphe : « De péril pour la patrie, voilà les immigrés devenus les sauveurs de tant de petites patries locales ».
Gabriele Adinolfi, un des principaux intellectuels non-conformistes italiens, commente sur son site, Noreporter : « Si jamais quelqu’un en doutait jusqu’ici, il apparaît aujourd’hui très clairement comment ces immigrés sont considérés, tant par les politiciens que par les commentateurs : comme un véritable bétail à adresser n’importe où, pourvu que ce soit commode pour de médiocres exploiteurs myopes qui n’ont aucun sens des responsabilités ».