La diabolisation de l’adversaire est une vieille constante des conflits qui ont secoué le monde. Allemands mangeurs d’enfants en 1871 ou 1914 ; Serbes “nazis” en 1992 ; Irakiens chimiques en 2003 ; snipers Syriens tirant depuis les toits sur des manifestants innocents en 2011, etc. poursuivent un but similaire : fédérer derrière soi une opinion publique en vue de préparer un conflit. À stratégies égales, époques – et donc techniques – différentes : celui qui dispose du plus grand nombre de chaînes de télévision peut d’ores et déjà être déclaré vainqueur.
Si les causes des guerres sont restées les mêmes (peu reluisantes : expansions stratégiques ou contrôles des ressources naturelles et des matières premières…), il convenait donc pour les tenants du “camp du bien”, avides de guerres humanitaires et de “libération”, d’y mettre les formes. La modification sémantique aidant (ministère de la Guerre devenu “de la Défense”, la “bataille” cédant le pas à “l’intervention”, le “bombardement” au terme plus policé de “frappe”), les manipulations les plus grossières pouvaient être données en pâture aux opinions occidentales qui ne demandaient qu’une chose : avoir bonne conscience.
L’actualité syrienne et libyenne nous poussent ainsi à nous souvenir d’un trucage médiatique, modèle du genre, dont les conséquences terribles furent la mise au ban des nations de la Serbie à partir de 1992, lors du conflit yougoslave, et le bombardement de cette même Serbie par l’OTAN en 1999 lors de la crise du Kosovo. Les trois vidéos ci-dessous sont issues d’une émission de la chaine de télévision serbe RTS, qui démontre le trucage des photos du camp de prisonniers d’Omarska et de réfugiés de Trnopolje en 1992, trucage réalisé à l’époque par une ONG atlantiste ayant pignon sur rue, à tel point qu’elle en fit des affiches pour recruter de nouveaux donateurs. Ces photos, qui ont fait le tour du monde, sont encore utilisées de nos jours pour faire passer les Serbes pour des bourreaux nazis.