Embouteillages, vacanciers ramassés à la petite cuillère après collision avec un 38 tonnes, plages bondées, sales et bruyantes, rosé trafiqué, merguez trop cuites, piqûres de méduses, poilus en débardeurs et concurrentes en mini-shorts exhibant des petits c… à vous complexer pour 10 ans… Lorsque l’on a passé l’âge des boites de nuit, des malibu ananas et du petit coup sympa dans les dunes, on peut franchement et légitimement s’interroger sur la nécessité de s’infliger tous ces supplices pour sacrifier à cette transhumance rituelle qu’on accomplit désormais sans plus s’interroger sur son sens ou son utilité.
Il FAUT partir en vacances, c’est comme ça, mécanique, systématique, presque obligatoire. Et non seulement il faut partir en vacances mais il faut partir en vacances AU SOLEIL. Parce que, voyez-vous, le soleil c’est super, c’est cool, c’est même INDISPENSABLE à notre équilibre et notre épanouissement. Bien sûr, ceux qui ont du soleil – et du bien implacable! – gratuitement et toute l’année ont plutôt tendance à le fuir et à sacrifier à un certain tropisme nordique. Mais ceci est une autre histoire…
En fait, les « vacances », comme toutes les autres dimensions de l’existence humaine, ne sont dorénavant qu’un énième « marché » et ne se justifient plus que par le « chiffre d’affaires » qu’elles génèrent.
Les « vacances » qui devraient être rupture, liberté et occasion de se recentrer sur l’essentiel (famille, culture, réflexion…) sont aujourd’hui très exactement le contraire : continuité (un entassement balnéaire remplace l’entassement urbain, une consommation « ludique et festive » remplace une consommation « ordinaire », Sms et Facebook sont dégueulés jusqu’au cœur des vagues…), bougisme hyper-actif « organisé » (sports, casinos, boites, clubs, dégustations, folklore, visites…) et superficialité (gamins au club Mickey, séances de cuisson sur la plage, shopping…).
Je ne connais pourtant pas, pour ma part, de vacances plus enrichissantes et profondes que l’ouverture d’un livre sans avoir à jeter de coups d’oeil nerveux et inquiets sur sa montre, pas de vacances plus dignes et utiles que celles consacrées à ces activités militantes et associatives que l’on a repoussé toute l’année « faute de temps », pas de vacances plus légères et drôles que ce temps consacré à visiter des amis et des proches, pas de vacances plus riches et exaltantes que celles passées à travailler non pas à une tâche alimentaire et imposée mais à un projet personnel…
Pour tout cela, nul besoin d’être à Saint-Tropez ou en République Dominicaine… Alors, suivez mes conseils : Be free and proud, boycott the sea !