L’ensemble de la presse convenue panique devant un événement attendu depuis pourtant presque dix ans : la chute de l’empire américain
Le déclic, la goutte qui fit déborder le vase, fut la dégradation de la note de la dette publique des États-Unis par l’un des instituts américains qui se sont auto-attribués la capacité à apprécier les économies des États du monde.
Ainsi ce n’est pas tant la situation des États-Unis qui se serait précipitamment dégradée, ce qui pèse c’est, comme le note bien La Croix, qu’un tabou est brisé. Il aura fallu presque dix ans pour que ce tabou tombe, dix ans depuis notamment l’ouvrage publié en 2003 par Emmanuel Todd : Après l’empire.
Ainsi depuis dix ans les esprits éclairés de plus en plus nombreux annoncent le déclin du modèle socio-économique né de l’après-guerre et reformulé en plusieurs étapes, notamment en 1968. Déjà en 1971 (cela fait tout de même 40 ans), le secrétaire américain au Trésor, John Connally déclarait avec arrogance : « The dollar is our currency and your problem », « Le dollar est notre devise et votre problème ». Et le plus fort est que cela a fonctionné ainsi. Aujourd’hui encore la presse — encore sous influence — s’émeut des « conséquences mondiales de la dégradation de la note américaine », comme si cela était encore une surprise.
Si l’économie américaine s’effondre, son modèle, son paradigme, pour parler comme les philosophes, s’effondre aussi. Toutes les personnes qui tirent profit de ce paradigme peuvent s’émouvoir, car leurs vérités, leurs positions acquises se désagrègent. Avec la fin de l’empire américain, prend fin également un modèle pétri de mondialisme, de cosmopolitisme, de matérialisme, d’hédonisme.
Les tenants du système et tous ses bénéficiaires, tentent, en vain, de préserver leurs acquis en effrayant par la peur du lendemain, car ils savent bien que la chute de l’empire amènera un monde nouveau qu’ils combattent de toutes leurs forces. Ce monde nouveau se construira sur le rejet des valeurs dominantes actuelles, à savoir sur le localisme au lieu du mondialisme, sur l’enracinement au lieu du cosmopolitisme, sur la convivialité au lieu du matérialisme, sur la sobriété au lieu de l’hédonisme.
Tout ce qui tend à prolonger encore le système, comme le fut la prise en charge par les États des dettes non solvables des banques privées (subprimes), n’est que pur gâchis. Plus le système est moribond, plus l’énergie requise pour sa survie est importante.
Friedrich Nietzsche dans un style qui n’appartient qu’à lui nous l’annonçait déjà : « Ce qui doit tomber, il ne faut pas le retenir. Il faut encore le pousser. »
Georges Gourdin pour Novopress France