06/08/2011 – 11h00
VENISE (NOVOpress) – En 2004, les immigrationnistes américains avaient produit A Day Without a Mexican, un film où tous les chicanos disparaissaient d’un coup de Californie, avec des conséquences tragiques : la femme du gouverneur en était réduite à passer la serpillère elle-même, c’est vous dire.
Les immigrationnistes italiens, à court d’arguments alors que leur pays est envahi comme jamais par des flots incessants de clandestins, ont repris l’idée dans Cose dell’altro mondo, qui sera présenté au prochain festival de Venise et sortira dans les salles le 3 septembre. Le trailer vient d’être diffusé. C’est l’histoire d’un entrepreneur de Trévise, en Vénétie, propriétaire d’une chaîne de télévision locale, sur laquelle il tient tous les jours des propos racistes monstrueux : « Nous vivons au milieu des fondamentalistes islamiques : prenez votre chameau et rentrez chez vous ! »
Un beau matin – pardon, un affreux matin –, voilà que l’on entend « La disparition des immigrés non-européens » en titre du journal télévisé. Évidemment, les conséquences sont effroyables, les catastrophes s’enchaînent, toute la vie s’arrête, et chacun comprend à quel point les immigrés non-européens sont indispensables. Le vilain beauf raciste en est réduit à prier : « Faites-les tous revenir! » Comme le dit l’affiche du film, « pour se faire remarquer, il faut disparaître ». C’est bien sûr, personne n’avait remarqué jusque là qu’il y avait des immigrés non-européens en Vénétie !
La diffusion du trailer a déclenché une vive polémique sur internet. Des internautes vénitiens ont lancé un appel à boycotter un film qui les présente tous comme des racistes bornés. « Ce film a reçu 1,3 million d’euros de financement public et il a encore l’aplomb de ridiculiser les Vénitiens qui le financent (involontairement) ». Massimo Bitonci, député de la Ligue du Nord, qui avait fait beaucoup parler de lui en interdisant le kebab dans la ville de Cittadella (province de Padoue) dont il est maire, a déposé une interrogation parlementaire sur la valeur culturelle du film, censée justifier les financements publics.
Le président de la Vénétie, Luca Zaia, a apporté son soutien à Bitonci : «il faut arrêter », a-t-il déclaré « de couvrir d’infamie les habitants de la Vénétie et les gens du Nord. Il faut arrêter les polémiques qui veulent toujours nous dépeindre comme des Zoulous, avec tout le respect que j’ai pour les Zoulous, mais il est temps de cesser. Surtout si l’on considère que c’est nous qui payons les factures à la fin du mois ».