28/07/2011 – 14h00
LE CAIRE (NOVOpress) — Le savant et chercheur égyptien Sayed al-Kemni, âgé de 64 ans, se prononce de longue date dans ses écrits en faveur d’une relation ouverte et décomplexée envers l’islam et ses sources, refusant ce qu’il décrit comme l’instrumentalisation du jihad par les fondamentalistes et les terroristes, manière de penser, selon lui, anachronique. Parmi d’autres ouvrages, il est l’auteur de L’histoire de la création (1999), Les traditions de l’Islam (2001) et Merci… Ben Laden (2004).
Titulaire en 2009 d’un prix d’État en Sciences Sociales accordé par le ministre de la culture de l’époque, Faruk Hosni, il vient de se le voir retirer par une instance juridique égyptienne qui aurait agi sous la pression de religieux, qui considèrent que ce dernier ne doit pas être dilapidé au profit “d’incroyants”, information reprise de sites en langue arabe par le quotidien autrichien Nachrichten.at.
Les contradicteurs de Sayed al-Kemni l’accusent en effet “d’être un hérétique”, “d’insultes envers l’islam”, et d’être “le défenseur d’une laïcité infâme”, la mouvance islamiste lui ayant déjà adressé de nombreuses menaces de mort.
Un renforcement de l’islam radical en Égypte

Les lubies des gauches occidentales au sujet des révolutions proche-orientales se heurtent comme de coutume à la réalité
Avec la chute d’Hosni Mubarak et de son régime en février dernier, de tendance autoritaire mais plutôt laïque, les activistes religieux ont considérablement renforcé leur influence dans le pays.
Le Conseil d’État, haute instance juridique appelée à trancher les différents entre citoyens et institutions de l’État, s’est donc naturellement rangé de leur côté quant au jugement porté à l’encontre du savant stigmatisé. Selon les termes de l’arrêt, les écrits de Sayed al-Kemni iraient “à l’encontre du Coran et des traditions de la Sunna, rendraient le prophète méprisable et insulterait Dieu”, ce prix d’État financé par l’argent public “ne doit donc pas être gaspillé en étant décerné à des incroyants”.
Loin des naïves images d’Épinal véhiculées par l’intelligentsia parisienne et les gauches européennes, voyant en la révolution égyptienne l’arrivée en grande pompe de la démocratie libérale et des droits de l’homme, penseurs, journalistes, universitaires, mais aussi chrétiens, de moins en moins nombreux, sont devenus depuis la chute de Mubarak la cible privilégiée des tenants d’un islam décomplexé jusqu’aux plus hauts sommets de l’État. Une relecture attentive des événements survenus en Libye et plus récemment en Syrie doit nous faire nous interroger : quels Proche et Moyen-Orient pour demain ?