Norvège : Le Parti du progrès dans la tourmente

26 juillet 2011 | Actualité internationale, Europe

Dans un exercice bien maîtrisé de communication de crise, Siv Jensen (photo), la blonde sculpturale de 41 ans qui tient fermement les rênes du Parti du progrès (FRP) depuis 2006, est apparue le samedi 23 juillet devant les médias pour répondre à la gauche norvégienne qui accuse son parti de compter Anders Behring Breivik dans ses rangs.

Face aux micros et aux caméras, la patronne du parti populiste a bien été obligée d’admettre que l’attaque terroriste la plus meurtrière subie par l’Europe depuis les attentats de Madrid en 2004 avait bien été perpétrée par un homme qui avait adhéré au mouvement de jeunesse de son parti (FPU) en 1997 et rejoint le FRP en 1999.

Avec un soulagement non dissimulé, Siv Jensen a pu informer les médias que le tireur méthodique de l’île d’Utoya avait cessé de payer ses cotisations au FRP en 2004 avant d’être exclu pour cette raison en 2006. L’année suivante, Behring démissionnait des jeunesses du parti où il avait conservé des responsabilités jusqu’en 2004.

Pressée de questions, la présidente du FRP a déclaré : «La drame m’a attristé encore plus quand j’ai appris que Behring avait été adhérent de notre parti ». Enfin, Siv Jensen a condamné dans les termes les plus fermes l’horreur de l’attaque et elle a manifesté sa compassion à l’égard des victimes et de leurs familles.

Pour le Parti du progrès, cette tragédie nationale peut se transformer en catastrophe politique. Fondé en 1973 pour protester contre la pression fiscale, le parti prend pour cible l’Etat providence scandinave et cherche à libérer ses concitoyens de la dictature molle imposée par la social-démocratie norvégienne.

En récoltant 5% des voix aux élections de 1973, le Parti du progrès entame une longue marche politique qui le conduit aux portes du pouvoir aux élections de septembre 2009 quand il recueille près de 23 % des voix. Malheureusement pour les « progressistes » norvégiens, la coalition de gauche garde le pouvoir grâce à une avance de trois sièges sur une possible coalition de droite regroupant le Parti du progrès et le Parti conservateur.

En dépit de l’aide apportée par les médias, la gauche et les associations bien pensantes norvégiennes auront du mal à profiter des attentats d’Oslo et d’Utoya pour liquider le FRP.

Le Parti du progrès, libéral en économie, conservateur sur le plan des questions de société, très Atlantiste et défenseur inconditionnel de l’Etat d’Israël, n’est populiste qu’au regard de sa volonté de mettre en place une politique d’immigration très restrictive.

Toutefois, dans un pays aussi conformiste que la Norvège, les dérives terroristes de son ex-membre Anders Behring Breivik risquent fort de compromettre les chances du FRP d’accéder au pouvoir en incitant certains de ses électeurs les plus modérés à se tourner vers les conservateurs.

Article à paraître dans le journal Minute.
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