Tribune de Christophe Daniou, militant régionaliste breton
Je me rappelle mon enfance et l’arrivée de l’été. À l’époque, je ne comprenais pas ce qui se passait, mais c’était la fête dans mon quartier. Les voisins se rassemblaient dans un champ où l’on avait installé un barnum, où l’on cuisinait des pièces de viande à la broche. Et dès que la nuit tombait, un bûcher s’allumait et s’embrassait pendant une bonne heure, voire plus.
Je me retrouvais bouche bée chaque année devant celui-ci, sans être conscient que l’on perpétuait ainsi la tradition séculaire du solstice d’été, appelé par d’autres, feu de la Saint Jean.
Les solstices ont pour but de rendre hommage au rythme des saisons. Appelé solstice par les païens, (samain, solstice d’été/d’hiver) puis rebaptisé en d’autres noms par les Chrétiens (Noel, Toussaint, fête de la Saint Jean…). Ils représentent une lointaine tradition.
Mais un beau jour d’été, au lieu de tous se rejoindre comme à l’accoutumée dans le champ pour faire la fête, mes parents m’emmenèrent sur la place du village. Je restais comme interloqué. On y retrouva quelques centaines de personnes et des groupes de musique qui jouaient sur la scène. La soirée se passa et l’on rentra à la maison.
J’interrogeais alors mes parents : « Où est le bûcher ? » « Quand est-ce qu’on allume le feu ? » La réponse fut cinglante : « Il n’y en aura pas ce soir ».
Je n’ai pas cherché à comprendre.
La République a réussi. Une tradition perdue de plus. Les traditions, c’est le lien entre nous et nos ancêtres. C’est ce qui fait notre éducation, notre identité.
La fête de la musique, évènement créé en 1982 avait pour but de célébrer l’arrivée de l’été. Mais pourquoi donc créer une nouvelle fête, alors que le solstice existe et était encore présent dans de nombreux villages ?
La république française, héritière de l’humanisme et de l’égalitarisme, a voulu créer un Homme nouveau et sans racines. Cela passait nécessairement par la destruction des identités régionales, par l’abandon des traditions ancestrales et par un métissage généralisé de la population.
L’identité régionale s’oppose à la vision jacobine de la république qui veut faire du Flamand, du Breton ou du Bourguignon le même individu venu de nulle part . Nous savons tous que la Bretagne a souffert de la République. De par l’interdiction de parler Breton, de par les clochers détruits pour les paroisses réfractaires à la révolution, de par l’implantation massive de non bretons en Bretagne, de par l’obligation d’émigrer dans les grandes villes françaises pour trouver un travail, de par la séparation de Nantes et de la Bretagne.
La tradition comme je le disais plus haut c’est ce qui nous relie à nos ancêtres. Quand j’étais petit, je n’étais pas conscient d’être un fils de l’Europe ni que mes aïeux les plus lointains se retrouvaient également devant un feu pour le solstice d’été.
Ils ont remplacés nos légendes par de tristes croyances.
Au lieu d’éduquer nos enfants avec nos contes populaires ou les légendes de la Table ronde, nous leurs offrons des Oui Oui, des Dora ou des titeufs… Au lieu d’apprendre les chants bretons à nos enfants, nous leurs offrons le dernier CD de Lady Gaga ou de Booba. Au lieu d’envoyer nos enfants aux festou-noz, on préfère les laisser aller « clubber » en boite de nuit. Voilà comment les jeunes se retrouvent déracinés et sans repères.
Aujourd’hui, le petit blanc n’aurait-il le choix qu’entre devenir une racaille de campagne, ou une victime ethno-masochiste et métrosexuel ?
L’État a de plus facilité le déplacement de population. Combien de Bretons sont-ils nés en Bretagne de parents bretons ? Combien de Parisiens sont nés à Paris de parents Parisiens ? La France, l’Europe serait-elles devenues des patries avec des hommes déracinés, incapables de se souvenir de leurs racines ?
Parce que nous ne voulons pas de cet avenir pour nos enfants, catholiques ou païens, le 18 Juin au soir rappelons nous nos ancêtres, et fêtons tous ensemble le solstice d’été !