À Budapest, les censeurs sont américains et non hongrois

4 mai 2023 | Europe

En Hongrie, des affaires récentes sont une fois de plus venues remettre en cause la narration officielle selon laquelle le pays de Viktor Orbán serait un cauchemar pour la presse auto-proclamée « libre et indépendante ». Ceux muselant la presse hongroise sont bien plus à rechercher de l’autre côté de l’Atlantique que sur les rives du Danube.

Orbán censeur ? Parlons-en !

Le Premier ministre hongrois est souvent présenté dans les médias occidentaux comme un véritable bourreau de la liberté d’expression et des médias. Il tiendrait les journalistes hongrois en joue et gérerait la presse de manière autoritaire. En réalité, si des spécificités en matière de marché des médias sont bien à relever en Hongrie, et à mettre sur le compte des caractéristiques des pays post-socialistes, la liberté de ton dans la presse hongroise est bien plus vivace qu’en France.

Le paysage médiatique hongrois est éminemment plus diversifié qu’en France et se divise en deux camps opposés : d’un côté, les médias pro-gouvernementaux et, de l’autre, ceux étant contre Orbán. Ces derniers se plaisent à s’appeler « libres et indépendants », mais ils sont en fait liés à des degrés divers à des officines libérales libertaires occidentales.

La palette des discours médiatiques est ainsi plus large en Hongrie qu’en France, alors que le camp pro-gouvernemental est souvent dépassé en termes d’impact par les médias de gauche sur internet, les libéraux de centre-ville maîtrisant mieux les outils du numérique que les conservateurs, tout en sachant que leur public grandit à mesure qu’avance la wokisation des jeunes urbains, un phénomène contre lequel le gouvernement hongrois ne peut que très peu.

Une plus grande liberté de ton en Hongrie qu’en France

Qu’il y ait à redire sur le paysage médiatique hongrois est une chose. Sa dynamique s’apparente souvent à un dialogue de sourds où s’affrontent les pro- et les anti-Orbán, une situation débouchant inévitablement sur une baisse de la qualité de l’information. Mais voir en Hongrie une volonté de censure des médias par la pouvoir politique est une aberration. Le gouvernement de Viktor Orbán n’en serait tout bonnement pas capable, et n’en a d’ailleurs pas le projet.

Bien au contraire, il existe au quotidien des contenus médiatiques d’une virulence rare envers la personne du chef de gouvernement hongrois, et, dans l’ensemble, les joutes médiatiques sont bien moins guindées et policées qu’en France. Pour des raisons historiques et financières, les Hongrois manient l’assignation en justice pour diffamation et injure de manière très timide. Conséquence : les journalistes n’ont pas peur d’attaquer frontalement, de dénigrer, de cogner dur et souvent d’insulter. Ils osent ce que leurs confrères français ne peuvent même pas imaginer.

Vous avez dit censure ?

Parler de censure et d’attaques contre la liberté de la presse et d’expression sans évoquer les GAFAM confine au ridicule. C’est pourtant ce que les médias de grand chemin font à propos de la Hongrie. Jamais ils n’évoquent les réels cas de censure en Hongrie, et préfèrent se concentrer sur des censures orbaniennes n’existant que dans leurs fantasmes.

Car si les censeurs libéraux libertaires locaux ont certes moins de poids en France qu’en Hongrie, les gendarmes numériques de la bien-pensance y sont bien actifs et multiplient les descentes sur des médias et des personnalités jugées incorrectes. Inutile de préciser qu’Orbán n’est qu’un nain face à cette terreur des géants californiens de la tech. N’en déplaise aux lecteurs convaincus des bulletins paroissiaux officiels de la République française, Le Monde et Libération pour citer les plus connus, Orbán n’est non seulement pas un censeur mais il est un dirigeant qui ne peut et ne fait rien contre les véritables censeurs : les GAFAM.

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