Racisme : il n’y a pas de haine heureuse – “Seuls les Blancs sont racistes…”

20 avril 2023 | France, Société

Le racisme est le péché contre l’esprit du temps. Le football n’y échappe pas, il est même la vitrine des bons sentiments. À la condition qu’il s’exerce contre les Blancs.

Le monde du foot est régulièrement frappé par des affaires de racisme. En fait, bien sûr, il est plus juste de dire que, très régulièrement, les médias font un boucan d’enfer à cause d’affaires de racisme dans le foot, et notamment des insultes à caractère supposément raciste entendues dans des stades. Quand ça arrive, c’est à peine si les JT ne débutent pas avec « l’épouvantable histoire » de Manolo, supporter du Bétis Séville, ou Beppe, ultra de Lecce, qui ont poussé des « cris de singe » lorsqu’un joueur africain de l’équipe adverse a fait une touche. Les autorités des ligues respectives s’indignent, les émissions dédiées au foot s’insurgent, et Gérald Darmanin balance un communiqué pour exprimer son « intense émotion ».

Sur Twitter, les commentateurs professionnels hissent le Plus jamais ça et réclament des mesures « enfin à la hauteur » du « crime » – ils ne manquent d’ailleurs jamais de rappeler, en vrais passionnés de droit, que le « racisme » est sévèrement puni par toutes les législations des pays civilisés. Dans un post sponsorisé par Nike, Sephora et Burger King – entreprises qui, comme toutes les mondialisées, ont fait de l’inclusion un cheval de bataille –, les stars du foot disent sur tous les tons leur « dégoût », « terme » dont la « force » traduit un « engagement » dont chacun se félicite ; à travers cette « prise de position courageuse », les footballeurs milliardaires prouvent qu’il s’intéressent, eux aussi, à la vie de la cité – étant entendu que s’intéresser à la vie de la cité se réduit, pour les médias, à l’adhésion aux principes progressistes parmi lesquels l’antiracisme est, sans conteste, le premier.

C’est nau-sé-a-bond

En 2020, lors du match de Ligue des champions entre le PSG et Istanbul Basaksehir, le quatrième arbitre de la rencontre aurait désigné le Camerounais Pierre Achille Webó, entraîneur-adjoint de l’équipe turque – qui se faisait alors logiquement laminer par les stars du Qatar FC – comme « le noir, là-bas ». Indignés, Wébo et certains de ses joueurs avaient alors foutu un dawa mémorable ; la rencontre avait dû être interrompue ; les médias en avaient fait un psychodrame de trois jours, durée très longue dans le temps médiatique, en général plutôt réservée aux tremblements de terre qui font cent mille morts ou aux actes djihadistes qui en font cent en France. Attaquant du Basaksehir, Demba Ba, Sénégalais de nationalité française, par ailleurs musulman très affirmé, avait beaucoup parlé dans les médias français. Le coupable était roumain ; en fait, il avait dit « negru », et, forts de ce fait – passé complétement sous silence dans un premier temps –, d’aucuns s’étaient lancés dans des développements oiseux sur ces problèmes de traduction qui enquiquinent tant une humanité qui n’aspirerait, évidemment, qu’à la concorde, c’est-à-dire au vivrensemble, c’est-à-dire à ce modèle multiculturel dans lequel chacun pourrait enfin affirmer ce qu’il est vraiment, comme dans une pub McDonald’s. L’affaire Webó est une bonne échelle pour mesurer le racisme dans le football vu par la doxa.

Récemment, il y a eu l’affaire Lukaku et, en ce moment, il y a l’affaire Galtier. Selon un corbeau, Galtier, lorsqu’il entraînait l’OGC Nice, aurait tenu des propos peu amènes sur ses joueurs africains et/ou musulmans. Il aurait failli en venir aux mains avec Didier Digard, alors entraîneur des équipes de jeunes du même club et converti à l’islam – avec la longue barbe qui va avec les convertis, évidemment toujours plus royalistes que le roi. Tous les observateurs, sur les plateaux, sont d’accord : si c’est vrai, il faut empaler Galtier, vivant de préférence. Quand ils évoquent cette affaire, les commentateurs prennent leur air le plus sombre, comme s’ils revenaient d’Auschwitz en décembre 1943. Les mots leur manquent, même ; c’est « indicible », c’est « vertigineux », c’est « nauséabond ».

La purification des tribunes

Le football est un sport « populaire ». Ce qui signifie que, contrairement au rugby, au golf ou au tennis, ses suiveurs se recrutent pour l’essentiel dans les classes populaires – autrefois on disait « le peuple » et tout le monde comprenait de qui on parlait. Et, selon les bourgeois et leur esprit boïscout dont se moquait tant le génial Nimier, les prolos ont naturellement tendance à mal se comporter. Au foot, on chambre, parfois méchamment ; on déploie des banderoles que ne signerait certes pas Lamartine ; certains supporters, ces fameux ultras tellement attachés à leur club, qui se saignent chaque week-end pour aller le voir joueur à l’autre bout du pays ou parfois de l’Europe, n’hésitent pas, parfois, à se battre, vraiment, avec les supporters de l’autre club pour, dans une logique viriliste, identitaire, prouver leur valeur.

À l’heure de l’inclusion – qui n’est qu’un des mille autres noms de l’antiracisme –, ces comportements sont un problème, et même un très grave, et même le plus grave. C’est pourquoi la plupart des ligues, en tout cas celles de l’Europe de l’Ouest, « combattent », depuis une vingtaine d’années, les prolos, avec l’appui des autorités locales. En augmentant fortement le prix des abonnements, en poussant les autorités à empêcher les déplacements des supporters et à punir toujours plus fermement les « débordements », elles ont évacué les classes populaires des stades. La Premier League anglaise a été pionnière en la matière, elle qui avait subi le « phénomène du hooliganisme » dans les années 70-80. Le foot mondialiste doit être un « spectacle », bien propre, bien lisse, comme les répugnantes ligues fermées américaines. Désormais, dans les stades britanniques, les touristes asiatiques côtoient les bourgeois qui viennent « en famille ». Les témoignages blasés abondent qui racontent que le Camp Nou, le mythique stade du Barça, est souvent rempli de Singapouriens ou Chinois en goguette, venus lâcher leur cash dans le parc d’attractions Europa-Land, ses beaux monuments, ses restos gastronomiques et ses boutiques de luxe éclairées comme des cabinets dentaires.

Seuls les Blancs sont racistes

Depuis 1945, en Occident, l’antiracisme est plus qu’une idée parmi d’autres et même plus qu’une idée : c’est une sorte de religion. Selon les élites occidentales contemporaines, l’histoire d’Occident se divise en deux parties : les âges obscurs, où le racisme structurait la société – avec pour climax le nazisme, bien sûr –, et un âge d’or, qui commence à peine, dans lequel le racisme sera vaincu. L’acception du mot racisme s’étend continument ; critiquer l’immigration, c’est être raciste ; ne pas croire en un islam « religion d’amour et de paix », c’est être raciste ; noter que le prénom Mohammed, comme Zemmour l’avait fait une fois face à l’inénarrable Marlène Schiappa, c’est un prénom musulman, c’est « assigner » tous les Mohammed à une identité, et ça c’est raciste aussi. Il n’est pas de pire crime, aujourd’hui en Occident, que le racisme. Sodomiser puis étrangler un enfant, violer une nonagénaire avec du verre pilé, c’est moins grave que de dire – car « les mots tuent », prétendent-ils – « nègre » ou « bougnoule ». Attention, bien sûr, la définition du racisme a changé. Vous pensiez qu’il était l’idée selon laquelle des races sont supérieures à d’autres, ce qui est « absurde » car, comme on nous l’a répété un million de fois à l’école et à la télé, « les races n’existent pas ». Vous datez.

Le racisme, je vous l’apprends si vous l’ignorez, en tout cas le racisme selon l’Université, les médias, les milieux culturels, bref tout ce qui pense ou plutôt impose sa pensée, c’est un « système de domination » créé par les Blancs afin d’asservir les autres… races. Seuls les Blancs furent et peuvent encore être de vrais racistes ; le racisme des autres relève au pire du folklore ; les « dominés » ne peuvent pas être vraiment racistes, et s’ils le sont – car parfois, hélas, ça peut arriver – c’est parce qu’ils imitent les… Blancs. Quand, après l’élimination de l’équipe d’Algérie lors des éliminatoires de la Coupe du monde face au Cameroun, des dizaines de milliers d’Algériens, sur les réseaux sociaux, traitaient les Camerounais de « sales singes », d’« esclaves », ils exprimaient juste une colère certes un peu excessive, mais ce n’était pas du tout du racisme. Les Algériens sont des « dominants » ? Non ! Ils ne peuvent donc pas être racistes… CQFD. Allez demander à des parents algériens s’ils sont d’accord pour que leur fille épouse un Ivoirien… Mais non, j’ai dit que non, ce n’est pas du tout, pas du tout du racisme. La traite arabe, qui a été beaucoup plus longue, qui a produit plus d’esclaves et était plus cruelle – on coupait le membre de tous les hommes, seul un sur huit ou dix survivait à cette opération, laquelle explique d’ailleurs pourquoi on ne trouve pas, dans le monde arabe, de descendants d’esclaves – que la transatlantique, ce n’était pas un « système de domination » basé sur une forme de racisme, oh non, pas du tout…

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