Colloque Iliade 2023 : la crise est dans l’homme, le salut aussi

4 avril 2023 | Culture, France

En 1932, Thierry Maulnier intitulait, avec une intuition certaine, son premier essai : La crise est dans l’homme. Presque un siècle plus tard, l’Institut Iliade consacre une journée entière de réflexion à ce thème à la fois intemporel et profondément actuel : celui de l’homme, du déclin anthropologique et des manières d’y remédier. Georges Guiscard, porte-parole de l’Institut Iliade, auteur du « Privilège blanc. Qui veut faire la peau aux Européens ? » (La Nouvelle Librairie/Institut Iliade), répond à nos questions afin de nous révéler la vision de l’Institut Iliade sur ce sujet complexe et hétéroclite.

ÉLÉMENTS. Le déclin anthropologique : tel est le sujet du Xe colloque de l’Institut Iliade. Pourquoi ce thème ? Quels sont à vos yeux les signes manifestes de ce déclin ?

GEORGES GUISCARD. Le déclin anthropologique est un enjeu des plus pressants de notre temps. Ses manifestations sont bien visibles et ses conséquences potentiellement dévastatrices. Artificialisation des corps et des modes de vie, épidémie d’obésité, baisse des capacités physiques chez les enfants et du QI moyen, chute du taux de testostérone chez les hommes et infertilité des couples, atténuation des différences entre les sexes et troubles du « genre », omniprésence des écrans…

Pour nous qui aspirons à une nouvelle renaissance européenne, il est évident qu’elle ne pourra advenir que si la souche reste saine. Ce ne sont certainement pas les ectoplasmes androgynes urbains hyper-domestiqués et quintuplement vaccinés qui permettront d’enrayer ce déclin. C’est ce qui nous préoccupera le 15 avril, à la Maison de la Chimie à Paris : établir un constat lucide des mutations anthropologiques en cours, qui préparent une véritable dégénérescence, et esquisser des solutions pour nous redresser afin de relever les défis culturels et techniques à venir.

ÉLÉMENTS. Vous parlez d’un déclin occidental, européen… sommes-nous les seuls touchés ? Qu’en est-il du reste du monde ?

GEORGES GUISCARD. Puisqu’il est largement une conséquence de la société de consommation et de surabondance, le déclin anthropologique concerne le monde entier. Pour donner un exemple : dans la liste établie par l’OMS en 2014 des pays les plus touchés par l’obésité, le premier pays européen, le Royaume-Uni, est classé 32e. Avant, on trouve les États-Unis bien sûr, mais seulement en 18e position. Beaucoup de pays musulmans y compris la Turquie, l’Arabie Saoudite et l’Égypte, ont une population en moyenne plus obèse que le Royaume-Uni. L’Afrique et l’Asie sont relativement épargnées, mais pour combien de temps encore ? C’est une maladie qui progresse de façon fulgurante, entretenue par l’industrie agro-alimentaire et la nourriture ultra-transformée, l’urbanisme et la sédentarité, et, in fine, par la hausse globale du niveau de vie..

Deuxième exemple, on peut constater que les autres peuples succombent plus que nous à l’addiction aux écrans. L’Amérique du Sud, la Turquie, l’Afrique du Sud, la Russie, l’Inde ou encore les pays indonésiens ont, d’après l’institut statistique DataReportal, des populations plus « accros » aux écrans que celle des Européens et même celle des États-Unis. Les Européens subissent donc ce déclin, et dans certains domaines plus que d’autres (confusion des sexes, chute de la fertilité, baisse du QI car elle est en partie causée par l’immigration…), mais nous ne sommes pas les seuls ni les pires en tout.

L’Institut Iliade pour la longue mémoire européenne se préoccupe évidemment avant tout du déclin occidental, car il menace notre devenir en tant que peuple. Il est urgent de réaliser l’ampleur du péril pour pouvoir y remédier. Nous ne doutons pas du fait que les Européens ont les capacités de comprendre ce qui leur arrive et de relever la tête.

ÉLÉMENTS. La question du déclin n’est pas nouvelle ; elle a intéressé de nombreux auteurs. Comment vous situez-vous par rapport aux autres théories déclinistes et à des philosophes comme Oswald Spengler, auteur du Déclin de l’Occident ?

GEORGES GUISCARD. C’est effectivement une préoccupation qui a toujours été centrale dans la psyché européenne. Les plus anciens mythes indo-européens témoignent de ce sentiment permanent de déclin, d’affaiblissement, d’avilissement, d’épuisement qui mène au chaos ; pensons au mythe des âges relaté par Hésiode, aux Yuga de la cosmogonie hindou, ou encore au Ragnarök germano-scandinave. Dans cette vision cyclique préchrétienne, de la même manière que le printemps succède chaque année à l’hiver, après le chaos vient toujours un nouvel ordre, un nouvel âge d’or.

De nombreux penseurs européens, dont Spengler mais aussi Constantin Léontiev, Jacob Burckhardt, Arthur de Gobineau, Juan Donoso Cortés ou encore Paul Valéry – « nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles » – ont étudié le déclin inexorable des civilisations, ce grand mouvement qui suit nécessairement tout essor et, par définition, toute apogée. Des intellectuels contemporains poursuivent ce travail. David Engels notamment, qui nous a gratifié lors du colloque de l’an dernier d’une intervention présentant son concept d’hespérialisme, une vision pour un renouveau politique fondamental de l’Europe.

L’Institut Iliade n’est pas décliniste. Notre peuple a montré par le passé qu’il était capable de réinventer ses schémas politiques pour poursuivre la quête de son destin en faisant renaître sa civilisation. Si nous constatons le déclin actuel en tant que fait objectif, notre ambition est de trouver des clefs pour y remédier. Nous œuvrons à la renaissance de la civilisation européenne, nous sommes acteurs plutôt que spectateurs. Le déclin actuel est une étape du renouveau : il permet la prise de conscience, le bilan critique de ce qui nous a mené là, et le sursaut vital pour un nouvel élan.

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