C’est à l’occasion de la sortie de son nouveau livre « Jusqu’au dernier Ukrainien », paru aux éditions Max Milo, que nous l’avons contacté, pour un entretien de haute qualité que nous vous invitons à lire ci-dessous. Régis Le Sommier a en effet été le seul journaliste à être allé, pendant un an, de part et d’autre du front, avec l’armée ukrainienne et avec l’armée russe. Odessa, Kherson, Zaporijjia, Marioupol, Donetsk, Lougansk, Donbass et Bakhmout… sont autant de zones de guerre dont il a saisi la vérité du terrain. Jusqu’au dernier Ukrainien est un livre cru, un livre à hauteur d’hommes, loin des analyses fumeuses des spécialistes de salon.
Une leçon de journalisme.
Breizh-info.com : Vous êtes né à Toulon, mais avez un nom breton. Quelle est votre relation avec la Bretagne aujourd’hui ?
Régis le Sommier : Elle est lointaine. Je n’y vais pas assez souvent. Ma compagne est originaire de Fougères et de Quiberon, nous y allons de temps à autre. Ma grand-mère est morte, on a plus de lieu où on allait comme avant. J’ai toujours du plaisir à y revenir, mais je n’y vais pas aussi souvent que je souhaiterais y aller. J’ai gardé la connaissance de la langue bretonne, des livres qui concernent la Bretagne.
Dans les voyages que je fais, je rencontre toujours des Bretons. De par le monde, même sur une île lointaine, on vous dit « il y a un français qui habite là-bas, qui a ouvert un restaurant », et c’est souvent un Breton. C’est une manière de se rappeler qu’on est un peuple très international.
Breizh-info.com : Vous pratiquez la langue bretonne ?
Régis le Sommier : Oui j’ai un frère bretonnant, prof de breton. Je l’ai apprise grâce à l’association Roudour. On squattait des salles à l’université à Paris pour apprendre la langue (ou plutôt la réapprendre, car ma grand-mère du Léon m’en avait donné de bonnes notions étant petit).
Breizh-info.com : Vous avez fait vos armes de journaliste à Paris Match notamment, puis reporter de guerre ou grand reporter, et vous voici fondateur d’Omerta ?
Régis le Sommier : Je ne suis pas fondateur ni propriétaire, je suis directeur de la rédaction d’Omerta. Une nouvelle aventure, manière de concrétiser pour moi des projets que j’avais pour Paris-Match à l’époque. Je voulais ouvrir ce média de l’écrit et de la photo à la dimension visuelle des sujets de l’actualité. Je suis un homme de l’écrit, j’ai écrit des livres, fait des reportages écrits. Mais le média de la modernité, c’est le documentaire sous plusieurs formats (courts, longs, immersifs). Avec Omerta j’ai cette opportunité de me projeter différemment. Je continue l’écrit, je viens de sortir un livre « Jusqu’au dernier Ukrainien » (Max Milo), sur la guerre en Ukraine. Je n’ai pas totalement oublié l’écrit, mais je m’intéresse au monde digital qui offre des milliers de possibilités.
Breizh-info.com : Avant Omerta, sur ces deux dernières années, vous aviez fait deux reportages majeurs sur l’Afghanistan et les Talibans, diffusés sur Canal +. Comment percevez-vous le fait d’être passé du statut de reporter de guerre encensé par le monde mainstream, au statut de quasi-pestiféré, exclu du monde médiatique, suite au lancement d’Omerta ?
Régis le Sommier : Question intéressante, notamment pour évoquer ces deux documentaires. Je viens de passer 15 jours en Afghanistan pour Omerta, pour un troisième documentaire de 52 minutes. Un reportage intéressant, on est sur le pays aux mains des Talibans. On est plus dans « Ils arrivent, ils conquièrent Kaboul. ». On est dans le vrai exercice du pouvoir, la confrontation entre ce qu’ils sont et l’exercice du pouvoir. Du rôle de combattants, de héros des montagnes, de moudjahidines, de pourfendeurs des empires (leurs grands-parents ont chassé les Russes et eux les Américains, ce qui n’est pas mal pour des types en sandales et en gilets pare-balles), ils se retrouvent face à de nouvelles problématiques.
D’abord ils sont harcelés par l’État islamique (Daesh) qui est plus radical qu’eux. Et ils ont la société afghane à gérer. Les pénuries. La misère qui s’est installée. Les problèmes sanitaires sont énormes. Ils se retrouvent dans des positions où ils sont obligés de contrôler, de surveiller, exactement comme ceux qu’ils attaquaient avant. C’est passionnant de voir cela. Comment un groupe de guérilla, avec des règles, de code, une façon de vivre clandestine, se retrouve à faire la sécurité dans les rues de Kaboul.
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