Viktor Orbán, le bilan de douze années au pouvoir

21 septembre 2022 | Europe, Politique

En 2016, le journaliste franco-hongrois Ferenc Almássy (bien connu de Polémia) a fondé le Visegrád Post, un site d’analyse, d’information, d’entretiens et d’études consacré à l’Europe centrale et, plus particulièrement, aux pays du Groupe de Visegrád, une organisation intergouvernementale réunissant la Pologne, la Tchéquie, la Slovaquie et la Hongrie. Dans Viktor Orbán – Douze ans au pouvoir, Ferenc Almássy et les co-auteurs du livre – l’équipe du Visegrád Post – s’intéressent à la politique du Premier ministre hongrois Viktor Orbán et à la place de la Hongrie dans le concert international.
Par Johan Hardoy.

L’« homme fort de Budapest »

En remportant les élections législatives de 1998, Orbán est devenu le plus jeune Premier ministre d’Europe à l’âge de trente-cinq ans. Il était ainsi parvenu à faire du Fidesz, un parti initialement libéral, la force principale de la droite hongroise après huit années passées dans l’opposition.
Durant ce premier mandat, la Hongrie a intégré l’OTAN et s’est impliquée dans le conflit au Kosovo en autorisant des avions militaires à décoller depuis son territoire (Orbán exprimera plus tard des regrets sur ce dernier point), tout en préparant son adhésion à l’Union européenne (UE) en 2004.

En 2002, le MSZP socialiste a gouverné avec les libéraux après l’avoir emporté de peu sur le Fidesz. Une fois dans l’opposition, ce parti s’est reconstruit en privilégiant un solide maillage territorial.
En 2006, la position politique d’Orbán est apparue compromise après une nouvelle défaite électorale mais le gouvernement en place a grandement souffert des conséquences économiques et sociales d’une sévère politique d’austérité, ainsi que d’un scandale majeur résultant de la diffusion publique d’un enregistrement audio d’une réunion à huit clos du groupe parlementaire socialiste. Des manifestations violentes d’opposants ont été réprimées brutalement par la police qui a éborgné des manifestants avec des balles en caoutchouc, comme lors des rassemblements de Gilets jaunes en France. Ces événements ont été peu médiatisés par la presse européenne, qui a surtout évoqué la présence de radicaux de tendance « nationaliste » lors des échauffourées.
En 2008, la crise financière mondiale a encore aggravé la situation sociale dans le pays.
En 2010, Orbán est revenu au pouvoir en bénéficiant d’une majorité des deux tiers à l’Assemblée nationale. Un parti de droite radicale, le Jobbik, a également fait une entrée remarquée au Parlement.
Au printemps 2022, le Premier ministre sortant a encore prolongé son règne politique en remportant largement les élections législatives.

La « Loi fondamentale » hongroise

Forte d’une majorité absolue après la deuxième victoire d’Orbán en 2010, la coalition au pouvoir a adopté une nouvelle constitution, dite « Loi fondamentale », qui est entrée en vigueur dès 2012 après une réforme des médias visant à contrebalancer l’hégémonie culturelle de la gauche libérale.
Cette réforme constitutionnelle, qui avait été précédée d’une consultation d’un an auprès des citoyens, a mis fin à plus de vingt ans de flou juridique hérité de l’ère communiste.

En réaction, le Parlement européen, garant de l’État de droit comme chacun sait, a voté une résolution incriminant notamment le « manque de transparence », l’« absence de débat public » et de « consensus politique » (arguant que l’opposition hongroise était hostile à cette réforme), tout en soulignant les vives critiques émises par des organisations internationales et des ONG.

Comme ce sera ultérieurement le cas concernant la Pologne, l’origine de la confrontation avec Bruxelles réside surtout dans l’opposition de deux conceptions différentes de la légitimité juridique, à savoir le « gouvernement des juges », statuant selon des normes jurisprudentielles transnationales, et le « contrôle démocratique » résultant de l’expression des citoyens des pays membres. La « Loi fondamentale » permet ainsi à la majorité gouvernementale de voter des amendements constitutionnels quand elle considère que les décisions de la Cour constitutionnelle vont à l’encontre de la volonté démocratique exprimée par les urnes.

En outre, le préambule de la nouvelle constitution, qui met l’accent sur « la protection de la communauté et la morale de la société », est jugé rétrograde par les milieux libéraux occidentaux en raison de références aux racines chrétiennes et à l’histoire millénaire du pays, au mariage comme consacrant l’union d’un homme et d’une femme ainsi qu’à la protection de la vie dès son commencement.

Un peuple qui veut persévérer dans l’être

En 2015, malgré la forte réprobation exprimée par de nombreux partenaires européens, le gouvernement hongrois s’est opposé frontalement à l’immigration massive en durcissant sa législation et en faisant construire une barrière à la frontière serbe.
Les sollicitations pressantes de Bruxelles concernant la relocalisation de demandeurs d’asile et de clandestins en Hongrie ont également suscité une vive opposition des autorités, qui ont incriminé publiquement la responsabilité du milliardaire spéculateur américain d’origine hongroise George Soros et de son réseau d’ONG promouvant la « société ouverte ».

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