Douglas Murray, “Abattre l’Occident” – Tu seras raciste, mon fils

22 septembre 2022 | Culture, Europe

Douglas Murray pense mal. Après L’Etrange suicide de l’Europe (2018) puis La Grande déraison (2020), le journaliste anglais s’attaque cette fois avec Abattre l’Occident à l’ensemble du discours woke qui s’est imposé aux Etats-Unis et qui chaque jour conquiert des territoires en Europe. Rendre compte d’un tel livre était une gageure que notre chroniqueur Jean-Paul Brighelli a brillamment relevée, selon son habitude.

L’Amérique, c’est loin, pensez-vous…

Pourtant, les délires générés par le mouvement Black Lives Matter, avec tous ces sportifs blancs agenouillés pour demander pardon à leurs co-équipiers noirs — pardon pour la traite atlantique, l’esclavage, les coups de fouet, la ségrégation and so on —, sont arrivés chez nous dans le sillage de l’affaire George Floyd (2020), anticipée ici sous le nom d’Adama Traoré (2016). Et les médias font une piqûre de rappel chaque fois qu’un voyou menaçant est abattu par les forces de l’ordre — ou par cette vieille dame qui a poignardé avec l’opinel accroché à son porte-clefs le malfaiteur qui agressait son époux octogénaire. Quelle brutalité chez ces personnes âgées blanches !

Nous n’avons pas attendu George Floyd pour procéder à nos propres génuflexions. La loi Taubira (2001) interdit pratiquement d’évoquer un autre esclavage que celui issu de la traite atlantique, comme le rappelle cette semaine un article sur la fabrique (aventureuse) de l’Histoire. Que la traite transsaharienne ait fait bien plus de morts, que des Noirs aient mis en esclavage d’autres Noirs, que les Musulmans aient continué la traite alors que toutes les nations « blanches » y avaient renoncé, USA compris, ce sont là des faits qui n’apparaissent pas dans nos manuels scolaires. Et qui, si vous les évoquez en classe, provoquent immédiatement un scandale majeur et un déni massif.

Le déni même qui est celui de la Gauche la mieux pensante et la plus écologique, aujourd’hui regroupée autour de la NUPES et de Jean-Luc Mélenchon, lider maximo comme Castro et grand conducător comme Ceauşescu.

Douglas Murray, avec la patience obstinée des journalistes anglo-saxons, accumule les exemples. Du côté des Blancs est l’horreur, « comme si le monde extra-occidental avait été un jardin d’Eden peuplé de parfaits innocents. » Que les Hutus aient génocidé les Tutsis n’intéresse pas nos modernes penseurs de la « fragilité blanche » — pour reprendre le titre de Robin DiAngelo (White Fragility, 2018), livre à succès cité par tous ceux qui veulent culpabiliser les Blancs, leurs enfants et leurs bébés à naître. Ni les partisans de la Théorie Critique de la Race, qui fait de la suprématie blanche, telle qu’elle s’exprime à travers la colonisation, le ressort de l’Histoire. Un bon moyen d’évacuer la lutte des classes, camarades…

C’est que « l’identité blanche est consubstantiellement raciste ; les Blancs n’existent pas en dehors du système de la suprématie blanche. » On aura remarqué le caractère tautologique d’une telle remarque : le Blanc est raciste parce qu’il est blanc, ce qui explique qu’il soit raciste. Le Noir, en revanche…

Et puis si l’on peut grappiller au passage des dédommagements… Ils veulent mettre la race au centre de la dialectique, mais le facteur économique se rappelle à leur bon souvenir, hein…

Même chose en géo-politique. « Les pays extra-occidentaux bénéficient ainsi de l’absolution pour des crimes contemporains qui n’ont rien à envier en matière d’horreur à tout ce que l’Occident aurait commis par le passé », écrit Murray. Il n’y a pas d’entorses aux Droits de l’Homme en Arabie Saoudite, ni au Qatar où nos bonnes consciences applaudiront bientôt un mondial de foot bâti avec le sang des milliers de travailleurs étrangers traités comme des bêtes.

Et puis il y a le ressenti d’individus chauffés à blanc (c’est le cas de le dire) par des médias complaisants. Peu après l’affaire Floyd, on sonda les Américains pour qu’ils disent selon eux combien d’Américains noirs sans armes auraient été tués par la police en 2019. « Chez les Américains qui se considéraient comme « très libéraux », explique Murray, 22% déclarèrent que la police avait tué au moins 10 000 noirs sans armes au cours de l’année précédente. Chez les simples libéraux, 40% des gens pensaient que les chiffres étaient compris dans une fourchette allant de 1000 à 10 000 personnes. Les chiffres réels plafonnaient à 10. »

Le conditionnement commence au berceau. Dans un ouvrage d’apprentissage de l’alphabet intitulé finement A is for Activist, Innosanto Nagara propose un L comme LGBT, T comme Trans ou X comme Malcolm. Les éditeurs français embauchent aujourd’hui, sur le modèle américain, des sensitivity readers chargés de traquer dans les manuscrits qu’on leur propose tout ce qui pourrait heurter l’exquise sensibilité de tel groupe de pression, telle communauté qui à 67% place l’islam au-dessus des lois de la République. Voltaire, Montesquieu, passez votre chemin.

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