C’est le 8 septembre que sera inauguré en fanfare le Conseil national de la Refondation (pompeusement appelé CNR, en référence au Conseil national de la Résistance) mais, dès le 2 septembre, le président de la République a réuni un Conseil de défense et de sécurité nationale français sur l’approvisionnement énergétique du pays afin de « se préparer à tous les cas de figure cet automne et cet hiver ». Ces assises seront-elles aussi fructueuses que le « Grenelle sur les violences conjugales » lancé il y a trois ans, avec le même tam-tam publicitaire et dont le bilan est négatif ? 122 femmes ont en effet été tuées en 2021 par leur conjoint passé ou actuel, une hausse de 20 % par rapport à 2020 selon le ministère de l’Intérieur. « Des chiffres glaçants malgré les efforts sans précédent engagés par l’État » se désole Isabelle Rome, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes.
Un problème tabou
Un effort n’a toutefois pas été engagé qui dépasse de loin, il est vrai, le seul cas des féminicides conjugaux dont, nous assure-t-on, l’auteur type « est majoritairement masculin, le plus souvent, en couple, de nationalité française, âgé de 30 à 49 ans ou de 70 ans et plus, et n’exerçant pas ou plus d’activité professionnelle ».
De nationalité française, vraiment ? Outre que cette notion de nationalité est peu significative dans un pays comptant près de dix millions de naturalisés (cas du cocaïnomane Souleymane S., meurtrier en juin dernier à Vaulx-en-Velin de sa compagne Anna B. ainsi que de la fille de celle-ci, âgée de 10 ans), Le Temps de Genève notait fort justement le 3 septembre 2019 que, dans l’étude du phénomène, « s’ajoute le sujet tabou, impossible à quantifier en raison de l’absence de statistiques “ethniques” en France, qu’est la recrudescence du nombre de “crimes d’honneur” ou de violences conjugales dans les communautés issues de l’immigration, en particulier en provenance des pays des Balkans, du Maghreb, de la Turquie ou de l’Asie du Sud (Inde, Pakistan*, Afghanistan) ».
A l’opposé du « tabou » observé en France, l’hebdomadaire bernois Schweiz am Wochenende notait ainsi crument le 20 novembre 2021 à propos des violences domestiques commises en Suisse : « Le contexte migratoire ne peut pas être occulté. 61% des auteurs d’homicides dans le contexte familial sont des étrangers alors qu’en Suisse, la proportion de la population étrangère est de 25%. Parmi les auteurs de ces crimes, les personnes originaires d’Afrique du Nord, des Balkans et de Turquie sont massivement surreprésentées. »
A la même époque, les rédacteurs de l’étude de la Mission de recherche droit et justice portant sur les femmes ayant réclamé en France des ordonnances de protection contre un conjoint violent admettait certes qu’« au moins un quart des ex-couples (24 %) comptent au moins une personne immigrée. Dans au moins 12,4 % des cas, ce sont les deux (ex-)partenaires qui le sont », mais c’était déjà trop : dans la presse bienséante, seul Le Figaro (du 6 novembre 2019) fit écho à cette statistique dérangeante.
Et les féminicides crapuleux ?
Au demeurant, bien qu’elle soit sans cesse mise en avant, l’augmentation des féminicides conjugaux est l’arbre qui cache la forêt. Sur les 1026 victimes de meurtre ou d’assassinat recensées en 2021 en zones Police et Gendarmerie, 31% sont des femmes, soit 319. Ce qui signifie que si 122 femmes ont été occises par un proche, 197 ont perdu la vie dans des conditions crapuleuses.
On s’étonne donc du silence observé sur cette seconde catégorie, pourtant plus nombreuse, alors que la disparition de ces victimes oubliées a le même impact sur les familles ainsi endeuillées. Serait-ce, citons toujours le ministère de l’Intérieur, parce que si la « majorité des 1200 personnes mises en cause pour homicide en 2021 est de nationalité française » (même remarque que ci-dessus), on note « une surreprésentation des 18 à 29 ans » et surtout des « personnes étrangères qui sont plus nombreuses parmi les mis en cause (18 %) que leur part dans la population (environ 7 % —Insee, recensement de la population 2018) » ? « En particulier, précisent les services du ministre Darmanin, 10 % des mis en cause sont de nationalités de pays d’Afrique, alors que la population résidente en France compte 3 % de personnes ayant ces nationalités. 6 % des mis en cause de nationalités étrangères sont mineurs, contre 18 % des mis en cause. »
Mineurs, comme les trois racailles qui, le 29 août dans le quartiers naguère populaire et maintenant ethnique de La Bocca à Cannes, ont suivi puis jeté à terre une passante revenant du marché, lui arrachant son sac après l’avoir laissée pour morte. Si cette malheureuse, âgée de 89 ans, succombe bientôt à ses blessures, qui s’en souciera. Mineurs, comme ces trois clandestins algériens qui, le lundi de Pentecôte à Mulhouse, ont roué de coups puis égorgé une septuagénaire dans son appartement situé dans une résidence pour personnes âgées. Mineurs, comme Imatha E. et Adel M., les tueurs de Lucia Dias de Sousa, une quinquagénaire sauvagement achevée à son domicile de Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise) en 2019 et qui devraient comparaître prochainement devant la cour d’assises du Val-d’Oise. Ou encore le réfugié syrien d’origine kurde Hussein Ahmed, condamné le 10 juin dernier à trente ans de prison par les jurés landais pour le viol et le meurtre de la mère de famille Johanna Blanès dans un tunnel près de Mont-de-Marsan en juillet 2019…
Pour lire la suite, c’est ici !