Grâce à Macron, Mélenchon en terrain conquis

4 mai 2022 | France, Politique

Le « barrage à l’extrême droite » laisse l’extrême gauche en terrain conquis. C’est à un jeu de dupes que s’est prêté le candidat Emmanuel Macron en brandissant la menace qu’aurait fait courir Marine Le Pen pour la République et pour la France. En réalité, il y a bien un néofascisme qui vient : il montre, ici et là, sa face hideuse, sectaire, violente. Mais cette régression totalitaire se dissimule derrière les mots enrobés de La France Insoumise et de son chef, contre qui le président réélu n’a jamais jugé bon de mettre en garde. Cette bienveillance en haut lieu produit ses premiers effets : Jean-Luc Mélenchon, fort de son talent d’orateur et de stratège, mais aussi d’une caution morale usurpée, est en train de jouer habilement de la somnolence du système à son égard. Non content de s’être approprié, dimanche 1 er mai à Paris, la colère syndicale, il s’est gardé de dénoncer les casseurs « antifas », qui ont une nouvelle fois mis à sac des banques ou des commerces, pour préférer accuser la préfecture de police de les avoir laissé faire.

Or ces violences urbaines illustrent cette lèpre fascistoïde qui monte des rangs de l’ultra-gauche : celle-ci partage avec LFI et ses soutiens une même détestation du capitalisme mais aussi de la démocratie libérale et de ses règles. C’est d’ailleurs ce socle qui a persuadé le melenchonisme de s’allier également à ce qu’il croit être l’ « islam révolutionnaire », au prétexte que cette idéologie cherche à prendre sa revanche sur l’Occident et ses hégémonies. Le prolétariat qui intéresse Mélenchon n’est plus celui des « petits blancs », partis rejoindre le RN, mais celui de la « diversité ».

En fait, tout est faux dans ces usages de mots creux. Le bourrage de crâne contre l’ « extrême droite », qui a vu Macron et Mélenchon faire cause commune, a été un leurre pour faire taire une France trop française au profit de la « nouvelle France » adulée par la classe élitaire. Quant à l’ « alliance populaire » dont le leader de LFI veut être l’architecte, elle n’est que le rapprochement avec le seul peuple issu de l’immigration extra-européenne et majoritairement musulmane. Tandis que la droite de gouvernement a admis, par soumission, son interdiction de s’unir à Marine Le Pen, la gauche donneuse de leçons n’a plus aucun scrupule – hormis quelques rares honorables socialistes qui se désespèrent des lâchetés d’Olivier Faure – à s’autoriser ce qu’elle défend aux autres.

Dimanche soir, un accord en vue des législatives a été conclu entre LFI et les Verts, en attendant celui avec ce qui reste du PS. Parlant du PCF qui se laisserait désirer, Mélenchon a assuré : « Les communistes sont nos amis, nos alliés ». Ce qui se met en place est un front radicalisé des gauches qui n’acceptent pas leur défaite, et qui n’excluent pas d’en appeler à la rue, comme a pu le suggérer Clémentine Autain (LFI). Macron, qui a préservé sa réélection en activant le manichéisme, peut être tenu pour responsable de ce coup de force d’une gauche qui fourbit ses armes. Il n’est pas sûr que les Oubliés acceptent ce cocufiage.

Ivan Rioufol

Texte daté du 2 mai 2022 et repris du blog d’Ivan Rioufol

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