Michel Geoffroy : « Les Lumières sont à l’origine du chaos migratoire »

26 janvier 2022 | Culture, France

Dans Les Lumières et leur « homme rétréci » puis Du temps des Lumières à Napoléon (éd. Dominique Martin Morin), le professeur Xavier Martin, grand spécialiste de cette période, a récemment évoqué l’héritage laissé par les esprits « éclairés ». Pilier de la Fondation Polémia, auteur de La Superclasse mondiale contre les peuples et de La Nouvelle Guerre des mondes (éditions Via Romana), Michel Geoffroy, lui, annonce carrément Le Crépuscule des Lumières.
Extraits des propos recueillis par Camille Galic pour Présent du 18 janvier 2022.

Le progressisme sociétal conduit à l’effondrement de notre civilisation

Camille Galic : Quel rapport entre les philosophes du XVIIIème siècle et la superclasse mondiale ?

Michel Geoffroy : Le progressisme hérité des Lumières est l’idéologie de la superclasse mondiale, dans sa version libérale, libertaire et mondialiste. Ainsi Emmanuel Macron, qui se prétend progressiste, déclarait le 27 décembre 2020 , pour justifier sa politique sanitaire : « Nous sommes le pays des Lumières et de Pasteur : la raison et la science doivent nous guider. » C’est tout dire !

Michel Geoffroy : Comme les philosophes des Lumières, l’oligarchie croit au despotisme éclairé, qui a le droit de faire le bonheur des gens malgré eux, au prétexte qu’il incarnerait la science et la raison. Mais en réalité sa prétendue raison ne correspond qu’à l’état limité des sciences du XVIIIème siècle : une mécanique simpliste de la société et un matérialisme. C’est pourquoi les progressistes sont des gens dangereux, comme ils l’ont prouvé maintes fois dans l’histoire : ils prétendent bâtir le paradis terrestre, qu’il se nomme « société sans classes », « libération des mœurs » ou « gouvernement mondial ». Ils se prennent pour des dieux — la référence aux Lumières emprunte à l’évidence à l’illumination religieuse mais en la détournant— mais ils finissent toujours par se comporter en démons. Pour cette raison, le siècle progressiste, ce qui a vu le triomphe de l’idéologie de la gauche, le XXème siècle, a été le siècle des pires guerres mondiales, des guerres civiles et des génocides. Et le nouveau progressisme sociétal du XXIème siècle est en train de conduire à l’effondrement de notre civilisation .

Camille Galic : Vous affirmez : « le chaos migratoire qui menace la survie de notre civilisation trouve son origine dans les Lumières ». Constatation, ou provocation ?

Michel Geoffroy : Non : réalité historique ! Les Européens ont affirmé au XVIIIème siècle les droits de l’homme : l’idée, d’essence chrétienne en réalité, que l’homme était un être libre et responsable par essence et que l’Etat devait respecter cette nature. Les droits de l’homme devaient donc garantir la liberté des sociétaires et c’est ainsi que beaucoup l’ont compris. Mais dès le départ cette affirmation repose sur une ambigüité : parle-t-on des droits des citoyens — donc des hommes enracinés dans un ordre politique concret — ou bien de l’homme comme abstraction philosophique ?

Au XXIème siècle, sous les coups du mondialisme et du libéralisme, c’est la seconde acception qui va s’imposer : on a oublié le citoyen — puisqu’on veut détruire les nations — et on ne parle plus que de l’homme en général. Tout homme est donc désormais réputé jouir des mêmes « droits », y compris celui de s’installer où bon lui semble. Le gouvernement des juges se fonde sur cette conception extrémiste pour donner aux étrangers les mêmes droits que les citoyens, voire des droits supérieurs. Ce qui ouvre bien la voie au chaos migratoire.

Camille Galic : Attribuez-vous aussi aux Lumières la réduction de nos contemporains à des « adolescents » incapables de penser et de se conduire en adultes ?

Michel Geoffroy : L’idéologie des Lumières repose sur un individualisme méthodologique radical. Pour les progressistes, seuls existent les individus et ils ne voient la société, comme le marché, que comme une agrégation instable de désirs égoïstes et changeants. Les hommes des Lumières ont en outre inventé la délégation de la souveraineté, fiction rousseauiste par laquelle l’individu abandonne sa liberté au profit de la Loi et de l’Etat censés la lui rendre en retour. En supprimant tous les corps intermédiaires, la révolution des Lumières a en réalité laissé l’individu sans défense face à un pouvoir d’Etat sans cesse croissant et intrusif. Comme en déconstruisant toutes les protections sociales, le libéralisme mondialiste laisse le salarié sans défense face à la toute puissance des grandes entreprises mondialisées.

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