A cor et à cri, ils réclament la vaccination obligatoire. Pour tout le monde. Ou presque. On notera ces derniers jours la multiplication des appels à une vaccination plus intense. Comme ces médecins qui, dans les colonnes du Journal du dimanche, appellent à rendre obligatoire la vaccination pour les soignants des hôpitaux et des EHPAD « avant le début du mois de septembre ». Ce qui suppose une contrainte vu l’échéance assez brève…
Mais, dans ce concours du discours catastrophiste, ce sont surtout les politiques qui réclament les mesures les plus radicales. Comme François Bayrou, qui estime que tout cela finira « par la décision collective de rendre la vaccination obligatoire ». Sans dire qu’il vise tout le monde – il parle des médecins –, le président fondateur du MoDem et maire de Pau se permet de comparer l’obligation vaccinale avec les onze vaccins obligatoires que tous les enfants reçoivent après leur naissance. Anne Hidalgo, maire de Paris, estime que l’« on a trop souvent attendu […]. Aujourd’hui, ne tardons pas ». L’édile de Paris laisse planer ce spectre d’une vaccination obligatoire en agitant la menace du variant… Bref, un collectivisme vaccinal qui ne veut pas dire son nom.
C’est surtout au sommet de l’Etat que la vaccination obligatoire est envisagée sur fond de scénario catastrophe pour la rentrée. Le 1er juillet dernier, le Sénat préconisait à ce titre une vaccination obligatoire. Ainsi, le sénateur Jomier (apparenté socialiste) estime qu’« une quatrième vague est probable d’ici deux à trois mois et elle sera alimentée par la contagiosité plus importante du variant Delta […]. Dans l’hypothèse moyenne, cette vague provoquera un afflux dans les hôpitaux tout à fait comparable à celui de l’automne dernier. Ce ne sera pas une vague de cas bénins ». C’est au niveau des solutions que les sénateurs sont radicaux. Ainsi, ils jugent « insuffisant » le nombre de vaccinés : « il en faut 10 millions de plus », selon Bernard Jomier qui souhaite vacciner prioritairement les 24-59 ans. Il faudrait également une décision mi-juillet. Mais surtout, les sénateurs n’hésitent pas à reconnaître que « la question de l’obligation vaccinale n’est pas un tabou, et n’est pas une atteinte aux libertés individuelles ». Dixit, Bernard Jomier…
Quant au gouvernement, il reste prudent, même s’il envisage la vaccination obligatoire des soignants. Le Premier ministre Jean Castex a annoncé mercredi dernier que les élus locaux et les présidents des groupes parlementaires à l’Assemblée nationale et au Sénat devaient être consultés. Mais Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, n’a pas exclu la vaccination obligatoire pour se rendre au restaurant ou au musée, même s’il a posé des conditions : l’efficacité de la mesure et sa faisabilité. Le ministre préconise d’abord de « convaincre ceux qui ne sont pas vaccinés » par la mobilisation des « médecins traitants » ou en rendant payants les tests. Avant la manière forte ?
François Hoffman
Article paru dans Présent daté du 5 juillet 2021