Ils étaient plusieurs milliers, dimanche, policiers et simples citoyens venus de toute la région, à s’être rassemblés dans la cour de l’hôtel de police d’Avignon pour rendre un hommage particulièrement poignant à cette énième victime de l’ensauvagement effrayant de notre pays qu’est le brigadier Eric Masson. Un rassemblement empreint d’une grande dignité, ponctué seulement par les interventions des collègues du défunt, plusieurs Marseillaise, les applaudissements et enfin les acclamations d’une foule de Français excédés de voir nos forces de l’ordre aujourd’hui systématiquement prises pour cibles. Cependant, on aurait tort de croire que derrière le calme et le caractère très digne de cet hommage ne se cache pas une colère d’une ampleur sans précédent, à deux doigts d’exploser, et capable, qui sait, de faire trembler le gouvernement sur ses bases.
Une ampleur sans précédent
Alors que, fait suffisamment rare pour être souligné, les syndicats de policiers ont fait pour un temps abstraction de leurs divisions et se sont mis d’accord pour défiler tous ensemble le 19 mai prochain à Paris (voir Présent du 8 mai), l’image des agents du groupe départemental d’intervention du Vaucluse se tenant dimanche par la taille et les épaules, comme pour entrer en mêlée, derrière le portrait de leur collègue assassiné par un voyou ethnique, avait un caractère hautement symbolique. Désormais, en effet, il est hors de question pour les forces de l’ordre et leurs représentants de tolérer plus longtemps cette situation. Et cela même s’il faut, pour obtenir satisfaction, entrer dans un violent conflit avec ce gouvernement qui ne cesse de les poignarder dans le dos.
La lourde responsabilité du gouvernement
Au cours de ces derniers jours, plusieurs syndicats n’ont d’ailleurs pas hésité à pointer du doigt la lourde responsabilité du gouvernement dans la grave dérive à laquelle nous assistons aujourd’hui. Comme le Syndicat des commissaires de la police nationale, dont le secrétaire général David Le Bars, évoquant l’assassinat du brigadier Masson, a expliqué : « Ce n’est pas un simple fait divers, mais un fait très grave » qui est « le résultat d’un mal bien plus profond qui s’est ancré dans notre société : la haine du flic », qui est elle-même « la conséquence du procès permanent fait à l’institution policière », y compris par certains membres du gouvernement. Quant aux solutions à apporter en urgence à cette crise, elles sont évidemment nombreuses. Comme le soulignait Fabien Vanhemelryck, pour le syndicat Alliance, « le gouvernement les connaît. Il y a des lois, elles doivent être appliquées, les peines doivent être incompressibles, les aménagements de peine doivent être terminés, et si on lance ce signal fort politique avec une réponse pénale ferme, croyez-moi, ça ira beaucoup mieux pour que la police puisse faire son travail » !
Franck Deletraz
Article paru dans Présent daté du 10 mai 2021