La rentrée scolaire 2020 se déroule dans un contexte qui pose de nombreuses questions. Le sentiment majoritaire est, pour tous les acteurs de l’éducation, celui d’une impréparation doublée d’un « peut-être bien que oui, peut-être bien que non » qui ne rassure personne. A commencer par les médecins : un collectif a publié une tribune sur le site du Parisien le 29 août pour que les mesures de protection soient renforcées à l’école. Blanquer met en place un protocole sanitaire allégé par rapport à ceux de l’an passé.
Le point de départ du confinement fut la fermeture des écoles, suivie du confinement généralisée de la population. Les enfants étaient considérés comme les principaux vecteurs de contamination, selon le gouvernement. Puis, toujours selon le gouvernement, les enfants n’étaient plus les principaux vecteurs de contamination, si bien qu’ils purent retourner à l’école moyennant un protocole sanitaire ubuesque dont la principale qualité aura été de démontrer l’état pitoyable des locaux de l’Education nationale : dans combien de pays développés les sanitaires sont-ils dans l’état de ceux de nos collèges et lycées ? Comment se fait-il qu’il y ait si peu de points d’eau, tout comme il n’y a pas de possibilité pour les élèves de simplement boire – sinon dans les WC ?
Le gouvernement navigue à vue. Dans un contexte où les autorités parlent de « l’augmentation » quotidienne des contaminations en France, les services de réanimation des hôpitaux sont vides, ou n’ont pas plus de malades qu’à l’habitude, hors Covid. La France serait à la veille d’une deuxième vague mais l’activité économique d’un monde qui devait être réinventé et où rien ne le fut est demeurée prioritaire : la France a consacré son été au tourisme – Covid ou pas. Ce qui pourrait amener celui-ci dans bien des écoles, brassage de population oblige.
Pour la rentrée scolaire, donc, un protocole allégé doit être appliqué « dans la mesure du possible ». Les principales décisions, connues le 28 août (au dernier moment, comme à l’habitude) : les élèves devront porter un masque partout ; les personnels aussi, sauf exceptions locales ; les professeurs feront cours durant sept heures un masque sur la figure, ce qui pose de vrais problèmes, la relation avec les élèves par exemple, y compris celle d’autorité, qui passe avant tout par le visage ; la limitation du brassage des élèves n’est que recommandée mais est fortement suggérée durant des récréations qui peuvent être échelonnées, ce qui dans la réalité des faits est impraticable ; les classes seront au complet, élèves côte à côte ; il est recommandé que les élèves se lavent les mains trois fois par jour ; les internes porteront un masque en permanence, sauf sous la douche et en dormant.
Ce protocole ne sera mis en œuvre qu’en apparence. Il est inapplicable, non directif, imprécis. Une seule chose aura lieu : élèves et professeurs auront des masques dans les classes. Comme la France est championne des bâtiments scolaires non isolés, espérons que l’arrière-saison ne soit pas estivale. Notons que Blanquer était invité de la matinale de France Inter le 27 août. Il a précisé que des écoles pourront être fermées d’un jour à l’autre si besoin. Il semblait cependant mal connaître son propre protocole : à une question de la journaliste sur le masque et les espaces extérieurs, il répondait que, « bien sûr », les masques pourraient être enlevés à l’extérieur. La journaliste a dû lui expliquer que son protocole disait exactement le contraire.
Paul Vermeulen
Article paru dans Présent daté du 31 août 2020