C’est un « fake » ? C’est la phrase qui revient le plus souvent sur les réseaux sociaux après l’édifiante photo de Macron pris en Oréo entre deux jeunes Blacks dont l’un fait un doigt d’honneur. Les Français ont eu du mal à en croire leurs yeux. Et quand on apprend que c’est une scène qui a bien eu lieu, volontairement diffusée par la com du président de la République, le premier sentiment qui domine, c’est la honte.
La première à avoir twitté la photo samedi est Marine Le Pen dénonçant une image « impardonnable », nous l’avons aussitôt reprise sur le site de Présent. Nous étions les premiers. La série de photos a été prise le 29 septembre sur l’île de Saint-Martin aux Antilles, chez des habitants soigneusement choisis. L’un des deux caïds est un braqueur qui sort de prison, les deux individus sont « bien connus des services de police ».
Dans un dialogue où le ridicule le dispute au clownesque, on voit Emmanuel Macron de sa petite voix haut perchée avec un léger cheveu sur la langue, sermonner son grand voyou black entre fascination et fausse indignation : « Plus de braquage, hein ? Fini les braquages ? C’est compris ? » Le tout en le papouillant comme il aime à le faire. Pour celui qui prétendait élever la fonction présidentielle, l’effet est désastreux.
Curieusement, à ses deux protégés, Macron n’a pas dit qu’il leur suffisait de traverser la rue pour trouver du boulot. Ça c’est bon pour les mâles blancs de plus de trente ans ou pour le retraité de Saint-Diez qui s’est pris un rappel à la loi. Le Président n’avait pas eu la même indulgence non plus pour le lycéen blanc qui l’avait appelé familièrement « Manu » et qu’il a sévèrement recadré devant tout le monde, au point que cet élève a été harcelé et moqué pendant des semaines à cause de cette scène. Pourquoi n’a-t-il pas fait la même sortie indignée au jeune Antillais alors même qu’il a été incroyablement grossier ?
Comme l’a déclaré un éducateur de banlieue sur le plateau de C8 lundi soir : « Qu’est-ce que je dis moi maintenant à mes jeunes à qui j’essaie d’apprendre le respect, le savoir-vivre, la façon de s’intégrer et de se comporter ? »
Interrogé sur ces photos lors d’un point presse à Baie Orientale, Emmanuel Macron s’en est aussitôt pris à Marine Le Pen rappelant qu’à la différence de la présidente du RN, « il aimait chaque enfant de la République, quelles que soient ses bêtises » : « On ne tirera rien des discours de haine et il faut arrêter de penser que notre jeunesse, parce qu’elle est d’une certaine couleur ou à un moment a fait des bêtises, il n’y a rien à en tirer. » Avant de conclure : « Marine Le Pen n’est pas avec le peuple. Marine Le Pen, c’est l’extrême droite, et l’extrême droite ce n’est pas le peuple. » Marlène Schippa a aussitôt renchéri, affirmant que Marine Le Pen était « le leader d’un grand parti raciste ».
Par conséquent si on ne supporte pas les insultes, les outrages, les doigts, les agressions lorsqu’elles viennent de personnes de couleur, on est raciste ? C’est en effet ce que vivent au quotidien les policiers, les Français contraints de baisser la tête dans les transports en commun, dans les quartiers, à la sortie des boîtes de nuit… On a bien compris ce qu’était la préférence nationale selon Macron, respectueux jusqu’à la servilité des us et coutumes, des mœurs et des codes des racailles. On la subit tous les jours.
Caroline Parmentier
Article paru dans Présent daté du 2 octobre 2018