Le chroniqueur Bruno Frappat, dans les pages du quotidien La Croix, s’en prend à Zemmour dans des termes spécialement grotesques. C’est ce qu’il appelle un « retour aux valeurs simples ».
A La Croix, sévit, depuis maintenant quatre-vingts ans un concentré de chrétiens progressistes, de ces chrétiens progressistes à qui Jean Madiran aimait dire leurs quatre vérités, dans quelques livres restés fameux, tels Ils ne savent pas ce qu’ils disent, ou Ils ne savent pas ce qu’ils font. De ces chrétiens progressistes qui faisaient monter aux rideaux un Pierre Debray, voire un Maurice Clavel. Bruno Frappat est de ce bois-là, un bois dont on ne fait plus les crucifix, depuis longtemps. Sa dernière chronique nous offre un réjouissant parallèle entre Eric Zemmour et le pape François, à l’avantage de ce dernier, bien entendu. « Tous ceux qui croient devoir nous imposer la présence de Zemmour et de ses discours haineux à l’antenne devraient essayer plutôt le pape François. Il a des choses à dire, ce pape […]. » On imagine le pape dans ces débats souvent cinglants et volontairement polémiques. Il pourrait certes y satisfaire cette logorrhée qui le caractérise, mais à ses risques et périls ! Ses propos sur les homosexuels, invités à bénéficier d’un suivi médical, avaient fait scandale. Une telle déclaration, à une heure de grande écoute, sur le plateau de Thierry Ardisson : ce serait le succès assuré !
Et pour le coup si Zemmour prenait la place de François, cela décoifferait ! Une sorte de Pie XII, en un peu plus yop-la-boum…
Zemmour meilleur défenseur de l’Eglise et de sa fille aînée
Frappat dénie à Zemmour le droit de « défendre les valeurs catholiques ». Il justifie sa position en rappelant que Zemmour a traité de « bisounours » et de « belles âmes » ceux qui ont soutenu Macron dans son opération de réhabilitation du traître communiste Maurice Audin. Frappat explique aux malheureux lecteurs de La Croix qu’en Algérie la France a piétiné « l’honneur de la France (sic), de son armée et de ses valeurs ». Ne pas soutenir le traître communiste Audin, c’est donc, pour Frappat, faire preuve de haine. Combattre le FLN, c’était faire preuve de haine, détester Staline et les staliniens, c’était faire preuve de haine.
Mais Zemmour est un « récidiviste de la haine ». N’a-t-il pas reproché son prénom à une journaliste, « femme noire et française » ? Frappat semble sous-entendre en passant que la faute aurait été moins grave s’il avait critiqué le prénom d’un homme blanc étranger. Curieux…
Celui que Frappat qualifie de « défenseur des valeurs nationales-catholiques » (visez le sous-entendu : « valeurs national-socialistes ») lui fait horreur, et il termine donc par cet appel à remplacer Zemmour par le pape François (mais, hélas, sans proposer la réciprocité).
Ce faisant, il oublie deux ou trois choses : d’abord que Zemmour n’est pas catholique, même si, en l’occurrence, il se révèle meilleur défenseur de l’Eglise et de la fille aînée de l’Eglise que tous les journalistes de La Croix réunis. Ensuite que cette fine allusion au national-socialisme est indécente à l’égard d’un Français de confession juive. Dans la bouche d’un autre que Frappat, ce genre de parallèle aurait déclenché les foudres des officines dites antiracistes.
Et le plus triste est que, loin de se réjouir de voir un Français d’une autre religion faire l’apologie du catholicisme, Frappat traite Zemmour de « voyou de studio ». De la part d’un voyou de sacristie, l’injure reste néanmoins de faible portée.
Francis Bergeron
Article repris du quotidien Présent