C’est le plan fumeux de Blanquer et des « progressistes »
On l’aimait bien, ce Blanquer : il voulait rétablir les dictées, ce qui a été interprété comme une action en défense de la langue française. Il voulait réintroduire l’uniforme dans les écoles, ce qui a été pris pour une mesure « anti-cailleras ». Mais à entendre ses dernières propositions, on peut se demander si les dictées ne seront pas en arabe, et si l’uniforme promis ne sera pas la djellaba, le qamis et autre hijab pour les filles.
Le ministre de l’Education nationale vient en effet d’annoncer qu’il va développer l’enseignement de l’arabe, « qui est une très grande langue littéraire, et qui doit être apprise pas seulement par les personnes d’origine maghrébine ou de pays arabes », a-t-il annoncé, anticipant sur les conclusions d’un rapport à venir de l’institut Montaigne, consacré à la réforme de l’islam. Entendons-nous bien : oui l’arabe est une langue importante. Et n’oublions pas qu’au Liban, en Palestine, en Syrie ou en Irak, il y a de nombreuses communautés non musulmanes dont l’arabe est la langue maternelle.
Mais quand cette volonté de mettre l’arabe à l’honneur nous est présentée comme participant d’une lutte contre le salafisme et les autres formes d’islam radical et terroriste, on nous prend pour des idiots. Pourquoi, comment une lutte sous cette forme ? Blanquer a été évasif. Il a simplement émis l’idée que la maîtrise de l’arabe par les Arabes de France, et spécialement par les musulmans de France, voire par des non-Arabes, favoriserait une approche plus exacte et plus « progressiste » des préceptes du coran.
Déjà l’emploi du mot « progressisme », un mot-clé du clan macronien, n’est pas pour nous rassurer. On sait à quel point le progressisme catholique contribua à vider les églises, et comment les progressistes glissèrent ensuite vers le marxisme.
Ensuite cette idée qu’une réappropriation de leur langue par les personnes d’origine maghrébine pour les intégrer mieux est vraiment la fausse bonne idée. Dans le passé, d’énormes programmes ont été financés par les fonds de formation, et plus spécialement par les Caisses régionales d’insertion des populations immigrées, les CRIPI. L’idée était (déjà) d’apprendre l’arabe aux enfants d’immigrés, ou le soninké pour les migrants originaires du Sénégal, de Mauritanie ou du Mali etc., et d’entretenir la connaissance de leur langue d’origine par les aînés, afin qu’ils soient à l’aise pour se réinsérer au pays, le jour où ils repartiraient. Et savez-vous ce qui arriva ? Les communautés de migrants furent en effet entretenues dans leur langue maternelle, qu’ils ont fini par pratiquer à la place du français. Cela a favorisé les phénomènes de ghetto. Personne n’étant retourné dans son pays, l’apprentissage des langues d’origine a été un puissant vecteur… de non-intégration.
Un musulman modéré et « progressiste »
Qui peut avoir soufflé des idées aussi abracadabrantesques aux oreilles du ministre de l’Education nationale ? Il s’agirait de quelques mesures préconisées par l’institut Montaigne, dans le cadre d’un rapport rédigé par Hakim el Karoui, que l’on nous présente comme un musulman modéré, et progressiste.
Cette histoire de cours d’arabe pour lutter contre l’islamisme est aussi extraordinaire que si, du temps du père Combes, on s’était mis à développer le parler en latin pour favoriser… l’anticléricalisme !
L’opération sent non pas la fausse nouvelle, la « fake news », hélas ! mais plutôt une action destinée à lever des fonds… dans l’intérêt de l’islam, qu’il s’agisse de l’islam « progressiste », « modéré », salafiste, intégriste, ou terroriste.
Francis Bergeron
Article repris du quotidien Présent