« Sa mémoire vivra. Son exemple demeurera. J’y veillerai, je vous le promets. Son exemple nous oblige. » Emmanuel Macron, à l’issue d’un remarquable discours, a fait une promesse sur le cercueil d’un héros et d’un saint. Face à « l’hydre islamiste », comment envisage-t-il de la tenir ?
On avait beau être dans « le temps de l’hommage et du recueillement », serinaient les journalistes (comme si dès le lendemain on risquait de passer brutalement à celui de la déclaration de guerre et de la reconquête des quartiers islamistes), il y avait quelque chose d’insupportable à voir aux premiers rangs les vieilles momies responsables de l’islamisation de la France : Juppé, Joxe, Raffarin, Balladur, Hollande, Sarkozy, etc. Et cette ordure de Richard Ferrand, patron des députés de la République en Marche, clamant la veille que « Wauquiez et Le Pen couvrent de boue l’honneur du colonel Beltrame ».
Ruth Elkrief avait donné le ton de la journée en rectifiant à chaque fois que quelqu’un rappelait la foi chrétienne du colonel Beltrame : « Il était chrétien, il était franc-maçon, il était républicain. » Ce devait être le leitmotiv de la journée. Personne ne lui a répondu que l’idéal, le sens du sacrifice et l’amour de la patrie qui animaient Arnaud Beltrame étaient des valeurs éminemment chrétiennes et militaires que l’on trouve davantage enseignées à Saint-Cyr que chez les petits bourgeois antifas. Insistance du commentateur de BFM TV : « Il n’est pas question de religion ici. » C’est vrai que quand on est égorgé aux cris d’« Allah Akbar », il n’est pas question de religion.
Dès le matin tôt, des nuées entières de militaires en grande tenue sortaient des métros parisiens. Aux Invalides tous les corps d’armées étaient représentés et tout spécialement évidemment la gendarmerie et le GIGN dont les devises sont « Honneur et Patrie » et « S’engager pour la vie ». « Tous nos gendarmes au quotidien sont exposés et peuvent se retrouver en position de faire le sacrifice de leur vie », déclarait un colonel de gendarmerie. Dans les rues de Paris, des milliers de personnes ont tenu à être là. Comme le dira Frédéric Pons, ancien officier, au micro de Boulevard Voltaire, « c’est toute la France qui se rassemble derrière cette belle figure d’officier français ». Le cortège funéraire précédé par les motards de la gendarmerie nationale et encadré de gardes républicains à cheval, est salué sur son passage par la brigade des pompiers de Paris.
Lorsque le cercueil du colonel Beltrame porté par ses camarades entre dans la cour des Invalides, le pays entier se fige. Un jeune élève officier porte le képi du défunt. Dans ce képi qu’il portait lors de son intervention à Trèbes, Arnaud Beltrame conservait la photo de sa femme et lui.
Emmanuel Macron, comme transcendé par celui à qui il s’adresse, fera un discours sensationnel, loin de la médiocrité d’Hollande qui évitait de prononcer jusqu’au mot « islamiste ». Convoquant les « ombres chevaleresques des cavaliers de Reims et de Patay, des héros anonymes de Verdun et des Justes, des compagnons de Jeanne et de ceux de Kieffer » : « Arnaud Beltrame rejoint aujourd’hui le cortège héroïque des héros qu’il chérissait ». Mais il ne parlera pas de la dimension spécifiquement chrétienne du geste de Beltrame. En revanche il opposera l’idéal du colonel Beltrame à celui des islamistes. Un modèle à donner aux jeunes Français en perte de repères, à opposer à la tentation de « l’hydre islamiste » et « à ses réseaux souterrains ».
« Son exemple nous oblige. » Et « l’exemple vient du chef », a martelé Emmanuel Macron. Dont acte. Il ne suffit pas de louer l’armée française tout en saignant à blanc son budget. Ni de fustiger la barbarie islamiste sans prendre les mesures pour l’éradiquer. Le seul hommage digne que le président Macron peut rendre au sacrifice héroïque du colonel Beltrame, est de protéger les Français.
Caroline Parmentier
Article paru dans Présent daté du 29 mars 2018