Il est loin le temps où France Gall (1965) gagnait le concours de l’Eurovision avec Poupée de cire, poupée de son, tout comme celui où Marie Myriam (1977) remportait à son tour le concours, au nom de la France, avec sa chanson L’oiseau et l’enfant.
Exception faite l’an dernier avec le chanteur Amir, classé 6e, les représentants de la chanson française, depuis des années, n’ont guère brillé dans le classement de ce concours.
Qu’en sera-t-il cette année avec le duo Madame Monsieur, désigné samedi soir lors de la finale « Destination Eurovision » (sur France 2) par les téléspectateurs et un jury international pour défendre les chances tricolores au Portugal le 12 mai prochain ? Mystère et boule de gomme. Toutefois, pas sûr que la chanson choisie, « Mercy », sorte grand vainqueur du concours.
Pourtant, le duo Madame Monsieur – à savoir Emilie Satt et Jean-Karl Lukas – nous a pondu une chanson dans l’air du temps du politiquement correct larmoyant, à faire chialer dans les chaumières.
Faut dire que le thème de la chanson qu’ils interprètent, « Mercy », a tout pour « faire bien » dans le CV et pour émouvoir les bonnes consciences. Le thème en question : l’histoire « vraie » d’une petite fille nigériane née l’an passé sur l’Aquarius, un bateau venant au secours des « réfugiés » en Méditerranée.
Les « migrants » s’invitent donc à l’Eurovision, mais n’y voyez pas malice. « Notre chanson n’est pas politique, elle n’apporte pas de solution. (…) On n’entend pas donner de leçon. (…) C’est juste l’histoire d’une naissance, d’un moment heureux au milieu du malheur », expliquent les deux chanteurs. Et d’assurer qu’ils ont avant tout voulu faire passer un message… d’humanité. Une chanson d’espoir qui « pourrait faire du bien dans un contexte tellement crispé autour des migrants ». Rien de politique, donc, comme ils disent.
Avant de défendre les couleurs de la France bien-pensante le 12 mai prochain lors de la 63e édition du concours de l’Eurovision, le duo, qui a déjà collaboré avec des chanteurs classieux comme Youssoupha, La Fouine ou encore Disiz, se produira le 5 mars sur la scène du Petit Bain, à Paris. Si le cœur vous en dit, les profits du concert seront reversés à l’association « SOS Méditerranée ». Rien de politique. Bonsoir, Madame, bonsoir, Monsieur.
Pierre Malpouge
Article paru dans Présent daté du 30 janvier 2018