Le « front républicain » fait son grand retour à l’occasion des législatives

31 mai 2017 | Actualités, France, Politique

Cela faisait longtemps. Voilà quelques semaines maintenant qu’Emmanuel Macron est président de la République et les ténors des Républicains avaient presque réussi à faire oublier leur soutien au candidat d’En Marche ! contre le Front national au second tour pour se repositionner en opposition en vue des législatives. Mais la vieille cuisine politicienne a repris ses droits et le « ni-ni » que Patrick Buisson avait réussi à imposer par le biais de Nicolas Sarkozy est définitivement enterré, au moins du côté de la classe politique.

François Baroin, chef de file des Républicains, avait en effet affirmé ce lundi que « les désistements devront faire partie de l’entre-deux tours législatif » en cas de possible victoire du Front national. Comme si le clin d’œil ne suffisait pas, l’appel du pied a suivi : « Je souhaite d’ailleurs que la réciproque soit vraie du côté d’En Marche ! comme du côté du PS », a-t-il ajouté.

La réponse n’a pas tardé à arriver, dans la bouche du porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner :

« Partout où le candidat de La République en marche (LREM), en se maintenant [au second tour], ferait prendre le risque d’une élection du Front national, partout nous retirerons notre candidat, et partout où le maintien du candidat nous permettra d’empêcher cette élection, nous nous maintiendrons. »

Depuis le premier tour et l’échec cuisant de François Fillon, la question se posait aux Républicains : elle est devenue une véritable ligne de fracture. D’abord parce que certains électeurs ont déjà fait le pas depuis longtemps. Ensuite parce que tous les ténors du parti ne sont pas d’accord : Wauquiez est partisan d’un « ni-ni », tandis que l’on se précipite dans les bras du nouveau parti vainqueur du côté de Juppé ou de NKM. Rien d’étonnant tant les Républicains étaient devenus une auberge espagnole classée à droite sans que tous soient réellement de droite. Mais c’est l’aile gauche du parti qui tient aujourd’hui les rennes, à l’heure où tous les observateurs reconnaissent une « droitisation » de l’électorat, notamment sur les questions sociales ou culturelles.

Reste à savoir comment se comporteront les électeurs et ce qu’il restera – après les législatives – des partis traditionnels. Il se pourrait que les Républicains explosent et qu’une partie se précipite dans les bras de la majorité présidentielle – si elle est obtenue – tandis que de véritables divisions doctrinales pourraient devenir encombrantes au sein du Front national. L’occasion d’une clarification nécessaire à la reconstruction d’une droite capable d’alliances et de constance dans la défense de son identité ? Espérons-le.

Marie Pommeret

Article paru dans Présent daté du 1er juin 2017

Novopress est sur Telegram !

Newsletter

* champ obligatoire
« Novo » signifie, en latin, « renouveler » ou encore « refaire ». Novopress se donne comme objectif de refaire l’information face à l’« idéologie unique ». Mais ce travail de réinformation ne peut pas se faire seul. La complémentarité entre les différentes plateformes existantes doit permettre de développer un véritable écosystème réinformationnel.