L’habitude commence la première fois… Après Hollande, Bayrou vote donc Macron, son ersatz juvénile. On tombe toujours du côté où l’on penche, le président du MoDem penchait à gauche. Il a donc renoncé à sa propre candidature, qui eût été la quatrième, où il n’aurait pu obtenir que le prix de persévérance. Lui qui se voyait un destin présidentiel n’est plus que le porteur de bidons d’un aventurier idéologique opportuniste.
François Bayrou tente de maquiller son échec derrière le prétendu sacrifice de son ambition personnelle au profit du salut du pays ! Personne n’est dupe : il n’est pas candidat parce qu’il n’en a plus les moyens politiques. C’est un homme du passé, appelé, comme les autres dont il est le contemporain, à « dégager ». Comme Hollande, il renonce lui-même pour éviter que les électeurs ne le congédient. Triste fin de carrière !
Ne lui dites pas qu’il se rallie ! Il a proposé une « alliance » à Macron qui, une heure après, l’a évidemment acceptée, selon le scénario élaboré entre eux il y a une semaine. Une alliance ! Comme si les deux politiciens étaient sur un pied d’égalité, celui qui culmine autour de 20 % des suffrages et l’autre peinant à atteindre les 5 %, ce qui justifie qu’il s’accroche au char supposé vainqueur de l’ancien banquier auquel il ne trouve plus que des vertus. Il transcenderait la droite libérale et la gauche socialiste alors qu’il cumule les vices de l’une et de l’autre.
Quand il pensait pouvoir encore être candidat, Bayrou s’en prenait avec vigueur à l’ancien ministre, au point de l’assimiler à… Nicolas Sarkozy. En septembre dernier, il disait : « Je ne me reconnais pas dans ce qu’Emmanuel Macron incarne. Le projet de société d’Emmanuel Macron est au fond infiniment proche de celui que défendait Nicolas Sarkozy en 2007. » Le maire de Pau précisait alors :
« Derrière Emmanuel Macron, il y a de grands intérêts financiers incompatibles avec l’impartialité exigée par la fonction politique. Il y a là une tentative qui a déjà été faite plusieurs fois par plusieurs grands intérêts financiers et autres, qui ne se contentent pas d’avoir le pouvoir économique, mais qui veulent avoir le pouvoir politique. »
C’est donc à cette entreprise de mainmise de la finance sur le gouvernement de notre pays, et dont l’ex salarié de Rothschild est le cheval de Troie, que Bayrou entend participer ! Ce qu’il avait refusé à Nicolas Sarkozy, il l’accorde à Macron. Mais il tient à préciser, pour nous rassurer, que, dans des conditions de cette alliance, il a posé un préalable propre à nous épargner la tutelle des financiers : « Je demande expressément que le programme présenté par Macron comporte une loi de moralisation de la vie publique, notamment sur la lutte contre les conflits d’intérêts. » Une loi ! Frappe-toi le cœur, c’est là qu’est le génie ! Voilà ce que redoutent la finance internationale et les profiteurs nationaux qui en sont les obligés : une loi aussi efficace… que la ligne Maginot !
Le principal conflit d’intérêts, il est entre ceux de notre peuple et ceux de la mondialisation libérale dont Bruxelles est le fondé de pouvoir. Bayrou et Macron sont d’accord pour l’aggraver. C’est donc un aigle à deux têtes pour une seule malfaisance qu’il nous faut combattre.
Guy Rouvrais
Article et dessin de Chard parus dans Présent daté du 24 février 2017