Ainsi que le révélait le Telegraph dimanche, le nombre de signalements à la police par l’autorité de surveillance des organisations caritatives au Royaume-Uni (Charity Commission) de possibles liens entre des ONG et le terrorisme est passé de 234 à 630 entre 2013 et 2016. Quatre nouvelles enquêtes ont été ouvertes entre 2015 et 2016 pour utilisation d’organisations caritatives pour des projets liés au terrorisme.
Dans une interview publiée samedi dans le Telegraph, William Shawcross, le président de la Charity Commission, met en garde contre le danger de l’extrémisme musulman au sein de certaines organisations caritatives. M. Shawcross a appelé les ONG islamiques à coopérer avec les autorités pour faire face au risque d’utilisation de leur fonds par des extrémistes.
Dans un cas, en mars 2015, la Charity Commission avait obtenu que deux fondations britanniques cessent de financer l’ONG londonienne CAGE dirigée par Moazzam Begg, un ancien prisonnier de Guantanamo libéré en 2005, et par Asim Qureshi. Alors que ces deux individus soutiennent l’instauration d’un califat islamique et une application stricte de la charia, y compris la lapidation en cas d’adultère, leur organisation avait reçu entre 2007 et 2014 plusieurs centaines de milliers de livres sterling de deux fondations britanniques qui n’ont pourtant rien d’islamique : Joseph Rowntree Charitable Trust et Roddick Foundation.
Amnesty International a également été critiqué, y compris par l’écrivain Salman Rushdie, pour ses liens avec Moazzam Begg et l’organisation CAGE dont le principal but est la défense des musulmans dans la guerre contre le terrorisme menée par le gouvernement britannique. Moazzam Begg était encore présent au nom de CAGE le 14 décembre dernier lors d’une manifestation de plus de mille musulmans radicaux à Londres en faveur d’un califat. Parmi les paroles entendues ce soir-là, il y a eu des appels à la soumission de la Grande-Bretagne à « un Calife qui nettoiera ces rues » et des appels à la guerre et à la domination mondiale.
Dans un autre cas, la Charity Commission a dû bloquer en avril 2014 le compte bancaire d’une organisation collectant des fonds sur les médias sociaux pour des convois humanitaires à destination de la Syrie. L’organisation était dirigée par un certain Adeel Ul-Haq qui a ensuite été condamné, en février 2016, à cinq ans de prison pour ses transferts de fonds à l’Etat islamique.
Olivier Bault
Article et dessin parus dans Présent daté du 4 janvier 2017