Débarquer les clandestins en Afrique du Nord plutôt qu’en Italie, c’est la proposition formulée par la CSU, le parti frère de la CDU d’Angela Merkel, dans un document dévoilé par le journal allemand Rheinische Post et repris sur le site internet du média public Deutsche Welle. Pour la CSU, « il faut mettre fin à la politique actuelle qui consiste à amener automatiquement en Europe tous les gens sauvés sur la route de la Méditerranée ».
Reste à savoir si la CSU aura la volonté de mettre dans la balance sa participation au prochain gouvernement en cas de victoire d’Angela Merkel aux élections qui se tiendront entre août et octobre 2017, comme elle l’a fait pour son exigence d’un plafonnement à 200 000 par an du nombre de demandes d’asile. Car si Angela Merkel refuse toujours toute idée de plafonnement, le chef de la CSU et ministre-président de Bavière Horst Seehofer (photo) est très clair : si la CDU gagne les élections mais que la chancelière persiste dans son refus, la CSU passera dans l’opposition.
Parallèlement, la CSU demande que tout soit fait pour imposer aux pays d’origine des immigrants clandestins de reprendre leurs citoyens dont la demande d’asile a été rejetée. Le manque de coopération de la part des pays d’origine est ce qui empêche généralement le rapatriement, comme cela avait été le cas pour Anis Amri, le Tunisien à l’origine du massacre au camion sur le marché de Noël de Berlin, que ni l’Italie ni l’Allemagne n’avait pu renvoyer chez lui parce qu’il n’avait pas de papiers d’identité et que la Tunisie refusait de le reconnaître comme un de ses citoyens. Pour ces sans-papiers justement, la CSU demande encore qu’ils soient placés à leur arrivée en Allemagne dans des centres d’accueil fermés jusqu’à ce que leur identité ait été clairement établie. Et pour éviter une nouvelle vague d’immigration, la CSU voudrait aussi prolonger au-delà de 2018 la suspension du regroupement familial actuellement en vigueur.
Débarquer en Afrique du Nord les immigrants repêchés en Méditerranée n’est pas une proposition tout à fait nouvelle en Allemagne, puisque même le ministre de l’Intérieur allemand Thomas de Maizière avait suggéré l’opportunité d’une telle solution au début du mois de novembre. Avec 180 000 immigrants arrivés en situation irrégulière en Italie cette année et presque autant en Grèce, plus 5 000 décès par noyade recensés en Méditerranée (un record absolu !), il est urgent de changer de politique.
Olivier Bault
Article repris du quotidien Présent