Jean Sévillia : « Les Français sentent qu’on les a coupés de leurs racines »

6 décembre 2016 | Actualités, Culture, France, Politique, Société

Journaliste, essayiste, historien, Jean Sévillia est aujourd’hui chroniqueur au Figaro Magazine et membre du conseil scientifique du Figaro Histoire. Les éditions Perrin viennent de rassembler en un volume intitulé Ecrits historiques de combat ses trois principaux essais, revus, actualisés et enrichis d’une préface inédite : Historiquement correct (2003), Moralement correct (2007) et Le Terrorisme intellectuel (2000). Il a accordé un entretien au quotidien Présent daté du 7 décembre 2016 dont nous extrayons ce passage.

jean-sevillia-livre— Seize ans après la parution de votre essai Le Terrorisme intellectuel, où en est la bataille des idées ? Les « réacs » sont-ils en train de remporter le combat culturel ?

Pour s’en tenir aux livres, qui sont un indicateur assez parlant, le nombre d’ouvrages qui sont ouvertement orientés à droite est considérable par rapport à ce qu’il en était il y a dix ou quinze ans. Regardez à la dernière rentrée, les librairies proposaient parmi les nouveautés des titres d’Eric Zemmour, Philippe de Villiers, Patrick Buisson, etc. Regardez l’audience des « néoréacs », d’Alain Finkielkraut à Michel Onfray. Mais de là à dire que la droite a gagné le combat culturel…

L’enseignement, le monde médiatique et le monde culturel en général restent des bastions de gauche, et des bastions extrêmement influents. Des millions de Français, malheureusement, ont l’esprit formaté par cette pensée unique, même si ceux qui s’en libèrent sont de plus en plus nombreux, comme on l’a vu à la primaire de la droite où la victoire de François Fillon, quoi qu’on pense de celui-ci, traduit une vague conservatrice.

– Records d’affluence au Puy du Fou ou d’audimat pour les émissions historiques (Secrets d’Histoire, par exemple). On sent un véritable engouement chez les Français. Comment expliquez-vous ce phénomène ?

— L’enseignement de l’histoire est un désastre : on a cassé la chronologie, et on a privilégié des modules thématiques qui ne font qu’introduire de la confusion dans l’esprit des élèves tout en faisant l’impasse sur des pans entiers de notre passé. Mais, paradoxalement, ce naufrage de l’histoire officielle cohabite avec un profond désir d’histoire. Ce réflexe est assez logique : les Français sentent qu’on les a coupés de leurs racines mais cette rupture, précisément, les pousse à redécouvrir leurs racines. Ajoutons que, dans une société où tout change et tout bouge, le passé fournit des repères, des repères qui manquent à une époque saisie par le « bougisme », selon le mot de Pierre-André Taguieff.

Novopress est sur Telegram !

Newsletter

* champ obligatoire
« Novo » signifie, en latin, « renouveler » ou encore « refaire ». Novopress se donne comme objectif de refaire l’information face à l’« idéologie unique ». Mais ce travail de réinformation ne peut pas se faire seul. La complémentarité entre les différentes plateformes existantes doit permettre de développer un véritable écosystème réinformationnel.