Mehmet Kaplan était ministre du Logement et du Développement urbain depuis 2014, dans le gouvernement de Stefan Löfven, en tant que membre du Parti de l’environnement-Les Verts, qui forme une coalition avec le Parti social-démocrate et le Parti de gauche.
Né en Turquie, ancien porte-parole du Conseil musulman de Suède et des Jeunes musulmans de Suède, co-fondateur de l’organisation des Musulmans suédois pour la Paix et la Justice, Mehmet Kaplan avait comparé, en 2014, les musulmans de Suède partant se battre dans la guerre civile syrienne, y compris pour l’État islamique, aux volontaires suédois qui participèrent à la défense de la Finlande contre la Russie soviétique en 1939-1940. Il était aussi à bord de la « flottille de la liberté » qui, en 2010, tenta de briser l’embargo israélien contre la bande de Gaza. L’arraisonnement israélien avait fait 9 morts et 38 blessés, dont 10 militaires israéliens, et une vidéo, diffusée par les Israéliens, a ensuite montré que les militants étaient armés.
Mais ce qui a provoqué la démission, lundi, du Turco-Suédois, Mehmet Kaplan, c’est la diffusion, par le quotidien suédois Aftonbladet, de photographies prises l’année dernière, où l’on voit le ministre du Logement dîner avec des membres de l’organisation ultra-nationaliste turque « Loups gris », qui a des accents islamistes et un passé terroriste.
Parmi les « Loups gris » avec lesquels le ministre a partagé son repas, on peut voir un certain Barbaros Leylani, qui a lancé, la semaine dernière, à un petit attroupement de Turcs rassemblés devant la gare de Stockholm, qu’il fallait que les Turcs « se réveillent » et tuent « ces chiens d’Arméniens ». « Montrons à la Suède, à la Scandinavie et à l’Europe de quoi la Turquie est capable », aurait-il encore clamé d’après le quotidien suédois Dagens Nyheter.
L’idéologie des « Loups gris », qui voudraient reconstituer un empire turc islamique de l’Asie centrale aux Balkans, est généralement décrite comme un mélange de néo-fascisme et d’islamisme. Ceci ne les a pas empêchés, ces dernières semaines, de manifester contre les Kurdes dans plusieurs villes d’Allemagne, où ils sont la plus grosse organisation d’extrême droite avec, au moins, 10 000 membres, d’après Wikipédia. Des films circulent sur Internet où on les voit défiler avec d’autres Turcs, aux cris de « Allahu Akbar », en faisant leur salut caractéristique, sans pour autant être inquiétés par les forces de l’ordre.
Olivier Bault
Article paru dans Présent n° 8592 daté du 21 avril 2016