01/03/2016 – SOCIÉTÉ (NOVOpress)
Comme chaque année, le salon agricole de Paris attire les curieux, les citadins sevrés de campagne et les politicards obligés de s’y rendre pour s’y faire voir. Comme pour un grand bal mondain, très bien orchestré, la bonne humeur et l’hypocrisie vont de pair sauf lorsque les gens sont à bout…
Notre agriculture va mal. Le dire n’est plus un scoop, mais le répéter permet de mettre nos politiques de l’UMPS devant leurs responsabilités. Nos agriculteurs se sentent trahis et abandonnés par ceux qui leur ont promis plus de débouchés, plus de pouvoir d’achat avec une Union européenne devenue avec le temps une simple machine technocratique au service exclusif des marchés. Le ras-le-bol des gens de la terre est à son comble et leurs inquiétudes ne sont pas près de trouver une véritable solution.
Comme le dit très bien Isabelle Saporta, auteur de « Foutez-nous la paix », le harcèlement de « la religion de l’hygiène » est à son comble. « En France, les normes aberrantes vont vers une standardisation des produits » et ne servent que les intérêts de « l’agrobusiness » en détruisant et décourageant les petits exploitants et les véritables artisans de l’agroalimentaire. Le système ultralibéral de l’Union européenne, construite en cœur par l’UMPS (j’insiste lourdement pour qu’un jour, peut-être, ils assument pleinement leurs choix politiques) ne permet plus à nos agriculteurs d’être compétitifs. Nos productions agricoles, devant répondre de plus en plus à des contrôles très restrictifs, ne peuvent plus faire face aux produits importés exempts par le fait des lois européennes des mêmes contraintes.
Les suicides, les surendettements et les grandes difficultés financières, dues aux logiques d’une agriculture intensive, sont à présent fréquents chez les agriculteurs. Face à ce drame et à cette fracture dans l’histoire agricole de notre pays, nos dirigeants bottent en touche et jouent, tout en prenant un air faussement compatissant, aux pompiers de service alors que cette situation dramatique est née de leur politique mondialiste et altermondialiste.
Il est grand temps que nous changions radicalement de programme politique pour revenir à un peu plus de bon sens. Le productivisme effréné (pesticides, monocultures, exploitations démesurées…) a non seulement fragilisé considérablement l’environnement, mais aussi notre agriculture à l’ancienne. Le capitalisme productif, qui milite pour la mort des frontières et la libre circulation des marchandises, des flux financiers et des hommes, est l’une des causes principales de ce malaise profond. Ce capitalisme sauvage prend et puise dans la nature comme si cette dernière était sa création.
Et ceux qui ont la prétention de défendre l’environnement et l’agriculture sans se soucier réellement des véritables singularités humaines de nos terroirs sont des bonimenteurs. Ceux qui nous parlent d’écologie et de produits bios sans vouloir réellement défendre les diversités humaines, enracinées dans une histoire, une mémoire et un paysage, ne font que servir d’idiots utiles à un système de plus en plus mondialisé. L’homme rural, attaché à la terre, façonne la nature selon un savoir-faire ancestral, mais il n’en est pas le propriétaire.
Il n’en est que son gardien ; un gardien soucieux de transmettre ce qu’il a reçu en héritage.
Vincent Revel.