Nous avons déjà tous été déchus de la nationalité française

11 février 2016 | France, Politique, Société

Source : Boulevard Voltaire
Depuis qu’elle a été rationnellement élaborée par les Grecs il y a 2.500 ans, la citoyenneté est indissociable d’un certain nombre de privilèges économiques et politiques.

Depuis des semaines, l’oligarchie se divise pour savoir si elle doit concéder au peuple une victoire symbolique, à savoir la déchéance de la nationalité française pour des gens qui ne se sont jamais sentis français ou qui ont cessé de se sentir français ; pour des gens qui en d’autres temps – de 1791 à 1981 – ou en d’autres lieux – l’Arabie saoudite, notamment – auraient été décapités sans autre forme de procès ; pour des meurtriers de masse qui ne devraient jamais pouvoir sortir de prison.
Mais au-delà de son aspect surréaliste, ce débat « picrocholin » nous rappelle que, quoi qu’il en soit, nous avons déjà tous été dépossédés de la nationalité et de la citoyenneté françaises, ou que nous sommes sur le point d’être tous déchus de cette nationalité.

Depuis qu’elle a été rationnellement élaborée par les Grecs il y a 2.500 ans, la citoyenneté est en effet indissociable d’un certain nombre de privilèges économiques et politiques. À Athènes, au Ve siècle avant Jésus-Christ, comme dans de nombreux pays africains aujourd’hui, avoir la nationalité vous donne par exemple le privilège de pouvoir acheter de la terre dans le pays de vos ancêtres, possibilité que n’ont pas les étrangers. Ailleurs, ce sont par exemple les allocations familiales ou les soins gratuits dans les hôpitaux qui sont réservés aux nationaux.
En France, les étrangers bénéficient d’au moins autant de prestations sociales que les citoyens, et les SDF savent qu’il vaut mieux être un clandestin qu’un Français pour avoir droit à la sollicitude de l’État. Il n’y a désormais plus guère que quelques pans de la fonction publique dite « de souveraineté » (défense, justice, intérieur) qui restent réellement réservés aux nationaux. Le bradage de la nationalité via le droit du sol ou les régularisations massives rendant assez relatif le privilège en question.

Du côté des droits politiques, la même remarque peut être faite. Droits de réunion, d’association et de manifestation ne sont plus des privilèges de citoyens depuis longtemps et l’arrestation du général Piquemal à Calais illustre jusqu’à la caricature à quel point, pour manifester librement en France, il est préférable d’être un clandestin ou un islamiste plutôt qu’un citoyen français aimant la France. Certes, il faut admettre qu’il nous reste encore l’exclusivité du droit de vote, bradage de la nationalité mis à part.
C’est assurément le dernier privilège politique dont jouissent les Français dans leur propre pays. On sait aussi que les socialistes ont la volonté d’y mettre fin et que Benoît Hamon a déposé un amendement introduisant le droit de vote des étrangers dans la future révision constitutionnelle. Si l’amendement en question est voté, nous serons tous intégralement déchus de la nationalité française dès lors que celle-ci ne nous conférera plus aucun avantage sur les étrangers dans notre propre pays.

Les Français seront alors tous des apatrides et le débat sur la déchéance de la nationalité des terroristes ou le risque d’en faire des apatrides deviendra franchement ubuesque ; il le sera encore davantage lorsque surviendra le prochain attentat.

François Falcon

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