Destruction du bombardier russe par les forces turques : l’arroseur arrosé ?

26 novembre 2015 | Actualité internationale

26/11/2015 – MONDE (NOVOpress avec le bulletin de réinformation)
La destruction du bombardier russe par la chasse turque est intervenue alors que François Hollande entamait une tournée visant à structurer une vaste alliance contre l’État islamique en incluant la Russie. Or, de par leur appartenance commune à l’OTAN la France et la Turquie se doivent solidarité en cas de tension avec une puissance tierce.

Ankara chercherait-elle à enfoncer un coin entre Paris et Moscou ?
Tous les éléments semblent plaider pour un acte délibéré d’agression de la part de la Turquie. Moscou nie avoir violé l’espace aérien turc tandis qu’Ankara parle de 17 petites secondes, d’après Wikileaks. Pas de quoi menacer son intégrité territoriale. L’agression est donc au mieux disproportionnée, au pire injustifiée.

D’autant plus que, dans ce domaine, la Turquie ne se gêne pas. D’après le journal grec protothema, citant des données de l’Université de Thessalie, le nombre de violations de l’espace aérien grec par l’armée de l’air turque en 2014 est de 2 244.

Cet événement pourrait même avoir ouvert une boîte de Pandore. En effet, de plus en plus de voix accusent désormais Ankara de soutenir financièrement l’État islamique, en lui achetant du pétrole. C’est ce qu’a insinué Wesley Clarke, l’ancien commandant en chef de l’OTAN.

Cette tentative de division est donc vouée à l’échec ?
Il est trop tôt pour le dire, mais les attentats de Paris semblent avoir dessillé les yeux. Flatter le fondamentalisme sunnite n’a pas assuré la sécurité des Français. Aujourd’hui, la priorité est la lutte contre l’État islamique. Or la position turque est de plus en plus ambiguë et les États-Unis, échaudés par leurs expériences afghanes et irakiennes, ne souhaitent pas s’engager militairement dans la région.

Reste la Russie…
La Russie apparaît en effet plus que jamais comme l’alliée naturelle de la France. François Hollande en semble conscient, lui qui a réservé à Vladimir Poutine la conclusion de sa tournée diplomatique.

Ankara pourrait donc finir isolée diplomatiquement
La Turquie court aussi un gros risque économique. D’après le quotidien russe Kommersant, des représailles financières se préparent au Kremlin. Jacques Sapir a estimé à 1 % du PIB turc le manque à gagner dans le domaine du tourisme. Sans compter la remise en cause de projets énergétiques, comme le gazoduc Turkish Stream, qui s’apprêtait à conférer un rôle stratégique à la Turquie dans le domaine de l’énergie.

Crédit photo : Alexander Mishin via Wikipedia (CC) = Sukhoi Su-24M of the Russian Air Force inflight

Novopress est sur Telegram !

Newsletter

* champ obligatoire
« Novo » signifie, en latin, « renouveler » ou encore « refaire ». Novopress se donne comme objectif de refaire l’information face à l’« idéologie unique ». Mais ce travail de réinformation ne peut pas se faire seul. La complémentarité entre les différentes plateformes existantes doit permettre de développer un véritable écosystème réinformationnel.