16/09/2015 – MONDE (NOVOpress)
Dans un long entretien accordé aux médias russes, le président syrien Bachar el-Assad donne une leçon de realpolitik à l’occident. L’occasion de revenir sur la situation dans la région et les prises de position de nos hommes politiques sur le sujet.
Certes, le régime de Bachar el Assad n’a rien de sympathique : c’est une dictature d’un modèle assez « traditionnel », qui a conduit son lot de guerres d’agression, de répression brutale et, à une époque, a soutenu des mouvements terroristes au Moyen-Orient.
C’est aussi un régime qui permet à ses ressortissants une certaine liberté, notamment religieuse, et qui assurait à son peuple un certain bien-être matériel avant le déclenchement de la guerre.
C’est surtout actuellement le seul rempart à l’État Islamique sur le terrain et à, ce titre, un acteur incontournable de la région.
Un point que ne manque pas de souligner Bachar el Assad dans son interview :
Il n’y a pas le moindre contact ou la moindre coordination entre le gouvernement syrien et son homologue américain ni entre nos deux armées. Et tout cela parce qu’ils ne peuvent avouer, ne peuvent accepter que nous soyons la seule force capable de se battre contre l’État islamique sur le terrain.
Le bon sens même, une notion qui ne semble pas effleurer Manuel Valls, qui s’enferre dans un discours dicté par les États-Unis
Bachar al Assad est une grande part du problème, il ne peut en aucun cas être la solution. Transiger, pactiser serait d’abord une faute morale. Et peut-être d’abord une faute stratégique.
déclarait-il le 15 septembre devant l’Assemblée nationale.
À rapprocher de la prise de position du département d’État américain, exprimée par son porte-parole John Kirby :
Il [Assad] est la raison pour laquelle les groupes terroristes comme Daesh sont apparus […] Le régime d’el-Assad a permis aux groupes comme Daesh de se développer et se renforcer en Syrie
À l’inverse, le Front National, par la voix de Marion Maréchal Le Pen, soutient l’idée d’une coalition contre Daesh qui inclurait Assad. François Fillon est aussi sur cette même ligne, estimant que le régime d’Assad est sur le point de tomber alors qu’il constitue le dernier rempart contre l’État islamique. Une position à laquelle Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense, semble se rallier du bout des lèvres
Les mêmes regardent aussi la Russie avec sympathie, y compris dans son soutien au pouvoir légal syrien. Il faut souligner que ce soutien n’a rien d’étonnant au vu des traités signés de longue date entre ces pays et qu’il faut la mauvaise foi américaine et la docilité des médias officiels pour s’en offusquer.
Autre point intéressant, l’analyse d’Assad sur Daesh / Etat Islamique :
Ils représentent la troisième phase de la politique et du poison idéologique de l’Occident. L’Etat islamique est destiné à parachever ses objectifs politiques. Les Frères musulmans, au tournant du siècle dernier, constituaient une première phase. La deuxième a pris place avec Al-Qaïda luttant contre l’Union Soviétique en Afghanistan. Daesh, le front Al-Nosra et tous ces groupes extrémistes représentent la troisième phase. Qui sont les terroristes de l’Etat Islamique ? De tous ces groupes ? Ils sont simplement des extrémistes produits par l’Occident.
C’est aussi sur la question de la crise migratoire que Bachar el Assad frappe juste et fort :
Bien sûr que l’Europe est coupable. Elle est responsable parce qu’elle supporte le terrorisme comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises. Et elle continue de le faire et de couvrir les extrémistes. L’Europe continue de les appeler des modérés. Tous ces groupes présents en Syrie sont des extrémistes.
ajoute-t-il à un autre moment.
C’est comme si l’occident pleurait les réfugiés d’un œil et les visait de l’autre avec une mitraillette. Tous ces réfugiés ont quitté la Syrie à cause du terrorisme et des massacres
Il soumet par ailleurs tous les efforts de paix en Syrie à l’éradication du terrorisme, « et pas uniquement sur Daesh » précise le président syrien.
À cette fin, il appelle à l’unité dans la bataille contre l’extrémisme. « Je voudrais profiter de notre rencontre aujourd’hui pour appeler toutes les forces à s’unir dans la lutte contre le terrorisme, puisque c’est la seule façon d’atteindre les objectifs politiques, établis par les Syriens, à travers le dialogue et le processus politique », a-t-il souligné. Une position similaire à celle que défend son allié, Vladimir Poutine, qui désire former une vraie coalition internationale de lutte contre l’État islamique, assurant que des discussions avec les États-Unis étaient « en cours » et qu’il s’était entretenu personnellement avec le président Barack Obama à ce sujet.
L’interview complète est disponible ici
Crédit photo : Capture d’écran de l’interview de Bachar el Assad, filmée par RT
#ElAssad: “Tant que l’#Occident restera dans cette propagande, il aura de nouveaux #réfugiés” http://t.co/hv9QkkN3CU pic.twitter.com/GZpsGY1Cx4
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Syrie : pourquoi Moscou a gagné la partie: Le Kremlin a remporté son bras de fer contre les Occidentaux. Son a… http://t.co/7uBCkCODZ9
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Boulevard Voltaire | Pourquoi il aurait fallu traiter avec Bachar el-Assad bien avant http://t.co/UcNp6zkAhL
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