Ethnomasochisme aux USA : la femme qui ne voulait pas être blanche

2 juillet 2015 | Actualité internationale, Société

02/07/2015 – MONDE (NOVOpress)
Aux États-Unis, l’affaire, grotesque, mais révélatrice, de Rachel Dolezal, cette Blanche qui se faisait passer pour Noire et consacrait sa vie à l’antiracisme (et au racisme anti-Blancs), continue d’être abondamment discutée.

Certains commentateurs ont introduit la notion de « transracialisme », sur le modèle de la transsexualité : après tout, si un homme qui se sent une femme peut devenir une femme, pourquoi est-ce qu’une Blanche qui se sent Noire ne pourrait pas devenir Noire ?

D’autres, comme l’universitaire californien Kevin MacDonald – bien connu pour ses analyses, discutables, mais stimulantes, sur les stratégies des groupes ethniques à la lumière de la psychologie évolutionniste –, ont souligné que

Dolezal avait fait un très bon choix de carrière en devenant noire

« En plus de sa position comme directrice d’une branche locale de la NAACP [Association nationale pour la promotion des gens de couleur], Dolezal a utilisé son identité noire pour obtenir un poste de professeur d’études africaines à l’Eastern Washington State University, et la direction de la commission de médiation de la police dans la ville de Spokane ». Elle avait auparavant obtenu, par le même procédé, une bourse complète pour financer ses études à l’université de Howard.

Un autre facteur pourrait bien avoir été l’ethnomasochisme. C’est du moins l’interprétation avancée, pour défendre Dolezal, par Ali [Alexandra] Michael, une spécialiste de sciences de l’éducation qui donne un cours sur « la blancheur » (Whiteness) à l’Université de Pennsylvanie – où elle explique, bien sûr, qu’être blanc signifie être coupable de racisme. Elle est notamment l’auteur d’un guide en dix points pour repérer le racisme et le sexisme dans les livres pour enfants.

Dans un article publié le 16 juin dans le Huffington Post et abondamment commenté depuis, Mme Michael explique :

moi non plus, je n’ai parfois pas envie d’être Blanche

Dolezal, à l’en croire, « n’est qu’un exemple extrême d’un phénomène répandu », celui des Blancs qui « ont beaucoup appris sur la réalité du racisme et sur l’histoire hideuse de la suprématie blanche aux États-Unis ». Ces Blancs « éprouvent souvent un niveau élevé de colère et d’embarras pour le racisme et le privilège [des Blancs], qu’ils dirigent parfois contre les autres Blancs ».
« J’en ai moi-même, poursuit Mme Michael, fait l’expérience. Lorsque j’avais vingt ans, tout ce que j’apprenais sur l’histoire du racisme me faisait me haïr moi-même, haïr ma Blancheur, mes ancêtres… et mes descendants.

Je me rappelle avoir décidé que je ne pouvais pas avoir d’enfants biologiques, parce que je ne voulais pas propager mon privilège biologiquement. Bref, je détestais ma blancheur, mais je détestais encore plus la blancheur des autres Blancs.

C’est cette haine que Mme Michael et bien d’autres enseignent désormais dans les universités américaines sous l’intitulé « la blancheur » ou « le problème de la blancheur » – un type d’enseignement qui tend à se multiplier.


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