20/04/2015 – FRANCE (NOVOpress)
Les conversions à l’islam sont en forte hausse en janvier 2015 par rapport à l’an dernier. Un inattendu effet Charlie, qui soulève bien des questions sur les motivations de ces nouveaux convertis.
Selon RTL, le nombre de conversions enregistrées dans les grandes mosquées de Paris, Lyon et Strasbourg est en forte hausse en janvier 2015 par rapport à janvier 2014 : +100 %, 20 % et 30 % respectivement. Pas d’affolement, nous parlons de 40 conversions en janvier dernier au lieu de 22 il y a un an pour la grande Mosquée de Paris. Mais tout de même, juste après les attentats contre Charlie Hebdo et l’hyper-casher, en plein « effet Charlie », l’info est choquante. De plus, le chiffre s’inscrit dans un contexte de croissance des conversions de 20 % par an depuis 2010, le Ministère de l’Intérieur évaluant pour sa part les conversions à 4000 par an. Et sur le nombre, une faible part se radicalise, qui représente tout de même 20 à 25 % des quelque 1200 combattants français de l’Etat islamique.
Néo-romantisme mortifère
La motivation de ces néo-musulmans ? RTL nous l’offre en mode Bisounours : Éloïse, 18 ans, vient un mois jour pour jour après l’attentat faire sa profession de foi. Elle souhaite témoigner que l’islam, cette religion de paix et d’amour, est bien loin de tous les amalgames faits avec les terroristes. Trop beau pour être vrai, cette parfaite opération de propagande ? Même pas forcément. Les jeunes femmes constituent des cibles faciles pour les conversions… et la radicalisation. Leur « imaginaire […] se nourrit de l’idée qu’un homme capable de mourir pour ses convictions est forcément sincère et fidèle », explique le sociologue Farhad Khosrokhavar, directeur d’études à l’Ehess (École des Hautes Études en Sciences Sociales) évoquant un « néo-romantisme mortifère ». D’ailleurs, une simple recherche Google avec les termes « témoignage conversion islam », donne en première page 9 témoignages féminins, tous très favorables, pour une seule occurrence de témoignage masculin.
Soumission contre tranquillité, une bonne affaire ?
Nous avons là affaire à des conversions « relationnelles » : les convertis, souvent jeunes et modestes, découvrent l’islam au contact d’amis et sont « séduits par l’Islam égalitariste […], mais aussi par l’appartenance au groupe solidaire et protecteur que représente l’Oumma » détaille Franck Frégosi, chercheur au CNRS. La seconde grande catégorie de conversion, selon ce spécialiste de l’islam, est dite « rationnelle » et concerne plutôt, dans les catégories sociales favorisées, les personnes en quête de spiritualité.
Bien sûr, dans tout cela, rien sur la perte de valeurs, la négation de notre identité, le reniement de nos racines culturelles et religieuses, le grand vide existentiel que favorise notre société. Pour le combler, nombreux sont ceux qui se tournent vers l’islam, par conformité avec le milieu ambiant pour les jeunes de banlieue, mais aussi parce qu’il offre le sombre attrait de la puissance et de la force, dont les attentats récents sont une éclatante illustration. Corollaire, le climat de peur causé par les attentats pousserait certains à chercher la protection et la sympathie des plus forts en se convertissant, à l’instar du syndrome de Stockholm et de la thèse de Houellebecq dans « Soumission ».
Pour rappel, les otages de l’EI qui ont essayé la conversion pour sauver leur peau furent tout de même exécutés…
Crédit photo : AFP PHOTO / BELGA / LAURIE DIEFFEMBACQ