Charlie Hebdo: quand un fanzine satirique devient le journal officiel

16 janvier 2015 | France, Médias

16/01/2015 – FRANCE (NOVOpress via FigaroVox)
Alors que le dernier numéro de Charlie Hebdo a été tiré à 5 millions d’exemplaires et que des ministres ont recommandé son achat, Vincent Trémolet de Villers explique comment ce fanzine de tradition anarchiste est en train de devenir une institution.

Ce 14 janvier restera comme le jour où des millions de Français sont allés acheter, en hommage aux victimes lâchement assassinées en conférence de rédaction, une gazette qui avait l’anarchie pour drapeau, le mauvais goût pour principe, la dérision et le blasphème pour seules religions. Le consumérisme était pour eux une source inépuisable d’inspiration (Bernard Maris en a même fait un livre) mais ils n’auraient sans doute pas imaginé que des petits malins déposeraient «Je suis Charlie» comme une marque.

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Par leur mort glaçante et l’hyperbole inhérente à la société de l’information permanente, des dessinateurs, des caricaturistes qui n’avaient ni Dieu ni maître sont devenus des penseurs, des guides, des héros, des saints laïques. Le glas des églises a sonné pour eux, les foules ont psalmodié leurs noms, des processions ont envahi les rues des villes de France, le Parlement s’est levé d’un seul homme et a entonné, en leur mémoire, une Marseillaise qu’ils avaient l’habitude de conspuer.

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Pour eux, des millions de Français, encadrés par des CRS, sont allés marcher dans les rues de Paris. Le chanteur Renaud, ancien chroniqueur deCharlie, était là. Lui qui dans l’inoubliable Hexagone moquait les moutons d’après-68 «effrayés par la liberté», votant par millions pour «l’ordre et la sécurité». Bernard Maris qui s’est battu pour que Maurice Genevoix entre au Panthéon en est plus proche aujourd’hui que l’auteur de Ceux de 14. Graverons-nous sur les monuments que ses amis ont tant moqués les noms de Charb, Cabu, Wolinski suivis des mots «Morts pour la France»?


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