08/12/2014 – PARIS (NOVOpress via le Kiosque Courtois)
Ouvert le 29 novembre au soir, le vote électronique des militants UMP a donc désigné – au terme d’un suspense insoutenable… –, Nicolas Sarkozy, comme président de leur parti. L’ancien chef de l’État a obtenu 64,5 % des voix, soit 20 points de moins qu’il y a dix ans. Son retour, qui n’est donc pas vraiment un plébiscite, est largement occulté par le succès de Bruno Le Maire, qui a frôlé les 30%. Notons pour l’anecdote que M. Sarkozy s’est montré agacé des 100% obtenus par Marine Le Pen lors du congrès du FN, dimanche 30 novembre à Lyon. « Quelle curieuse conception des élections, un seul candidat, pas d’opposant », a ironisé l’ancien chef de l’Etat, oubliant un peu vite qu’en janvier 2007, lorsque l’UMP avait organisé une primaire pour désigner son candidat à la présidentielle, il était le seul candidat et fut donc élu, lui aussi, avec 100% des voix. Ce qui s’appelle rater une occasion de se taire…
Ce n’est un secret pour personne, Bruno Le Maire doit son ascension à sa droitisation progressive tout au long de la campagne. D’Hervé Mariton, qui a obtenu le score honorable de 6 %, à un Nicolas Sarkozy retrouvant – avec un opportunisme écœurant, il faut bien le dire – les accents droitiers (« buissonniens » diront certains) de sa campagne présidentielle de 2012, en passant par un Bruno Le Maire droitisé, les candidats semblent avoir fait le même constat : l’électorat UMP est profondément ancré à droite, à l’image des militants du parti. Les ténors de l’UMP ne peuvent plus faire semblant de croire que leurs adhérents sont des centristes. Le dernier sondage CSA pour les Echos est de ce point de vue, éloquent. Nicolas Sarkozy, en tête chez les sympathisants UMP, est à son plus bas niveau dans l’opinion depuis 2012, perdant 14 points depuis le début de l’année. Bruno Le Maire fait quant à lui un bond de 9 points pour atteindre 42 % et prendre la cinquième place du classement, devant François Fillon, Nicolas Sarkozy et Xavier Bertrand.
Homme sans conviction, mais habile tacticien de la politique politicienne, Sarkozy s’est empressé de nommer en numéro deux du parti une Nathalie Kosciusko-Morizet, parangon de la boboïtude parisienne, et en numéro trois un Laurent Wauquiez qui incarnerait davantage les aspirations droitistes des électeurs du mouvement. Autrement dit, deux « droites » irréconciliables sous un même chapeau. Nommer deux têtes, c’est bien, mais faire tenir debout l’ensemble du futur organigramme du parti, ce sera mieux, et là, on attend Sarko-le-Magicien…
Interrogation essentielle : quelle stratégie adopter à l’égard du Front national. NKM a déjà pris les devants : « Je suis de ceux qui pensent qu’on ne lutte pas contre le Front National sur le terrain du Front National. Je pense qu’il y a à la fois une faute morale et politique ». Alors même que les partisans d’une droite plus ancrée, incarnée, entre autres, par un Laurent Wauquiez entendent tout au contraire ne pas laisser filer l’électorat UMP vers le mouvement mariniste, précisément en se positionnant clairement par rapport aux thèmes qui font la force de ce dernier. Bref, une coexistence qui tient du prodige et ne durera sans doute que le temps d’une tentative de bluff électoral. Dans le parti de Marine Le Pen, la nomination de Laurent Wauquiez est justement perçue comme une tentative « désespérée » de venir concurrencer le Front sur le terrain des idées. « Les électeurs se rendent bien compte que c’est une manœuvre pour essayer de récupérer un électorat qui a été maltraité, trahi, abandonné par Nicolas Sarkozy », déclarait ainsi vendredi le député mariniste Gilbert Collard.
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