24/11/2014 – PARIS (NOVOpress)
Nos lecteurs des premières années de Présent n’ont sûrement pas oublié les articles de Guy Rouvrais. Et nous, nous sommes honorés et heureux comme tout de le compter à nouveau dans notre rédaction. Brillant journaliste, écrivain, il est aussi bien éditorialiste qu’auteur de sketches. Vous le lirez désormais le mardi, le jeudi et le samedi. – C.P.
Quand ça ne marche pas, ça ne marche vraiment pas ! Voyez la campagne de Sarkozy : même lorsqu’il semble marquer un point, cela finit par se retourner contre lui, la guigne, un peu comme cette pluie à laquelle Hollande ne parvient pas à échapper. Ainsi, samedi, à Bordeaux, Alain Juppé avait consenti à paraître au meeting de l’ex-président. Certes, participation ne vaut pas ralliement, mais, enfin, la vision fugace d’un Sarko rassembleur, flanqué de son rival était plutôt positive. Las ! Le public, dévot de Nicolas, se met à huer « le meilleur d’entre nous » quand il évoque une primaire ouverte à la droite et au centre pour 2017.
Nicolas Sarkozy ne fait rien pour calmer ses troupes et, au lieu de faire à son invité un rempart de son autorité, il reste muet. Qui ne dit mot consent ! Le « rassembleur » a rassemblé la salle contre Juppé en son fief. Mauvais point pour qui veut aussi unir les Français. Ce n’est pas tout, il offre à son concurrent une réplique cruelle : « Vous me connaissez, je ne me laisse pas, pour ma part, impressionner par des mouvements de foule. » Voilà Sarkozy renvoyé à son opportunisme et sa démagogie lorsqu’il a lancé, avec autant d’agacement que de mépris, aux opposants à la loi Taubira : « Abrogation, si ça vous fait plaisir, ça ne coûte pas cher… »
La popularité de Juppé est en creux le reflet de l’impopularité croissante de son cadet. L’ancien Premier ministre est et fait le contraire de l’ancien chef d’Etat. Même son âge, dont les sarkozystes croyaient pouvoir user comme d’une objection, lui est un atout. Il a l’image du sage, de l’homme raisonnable, qui n’a plus de la jeunesse ni la fébrilité ni les emportements d’un instant.
Mais cet atout est aussi sa faiblesse. Rien n’est plus fragile qu’une image, tant l’opinion est versatile et l’électeur zappeur. Elle change de champion aisément et rapidement. Qui eût dit, il y a encore quelques mois, selon un sondage Odoxa, que 48 % des Français préféreraient le sinistre Bruno Le Maire à la présidence de l’UMP, contre 34 % pour Sarkozy ?
Deux ans, c’est encore long ! Quand l’opinion aura épuisé les charmes du profil juppéiste, elle se demandera ce que l’édile de Bordeaux pourrait bien apporter au pays. On se penchera alors sur son bilan lorsqu’il était aux affaires, lequel est aussi creux que son image.
On se souviendra – les plus jeunes apprendront – qu’il fut l’auteur, en 1995, de la plus lourde ponction fiscale depuis 1958, qu’il a bloqué les allocations familiales, les rendant imposables, tout en renonçant à sa réforme des régimes spéciaux : trois semaines de grève quasi générale avec deux millions de personnes dans la rue. Après quoi, avec Chirac, il a eu l’idée géniale de dissoudre l’Assemblée nationale et d’offrir ainsi Matignon à Jospin.
Notre homme assure aujourd’hui, à l’heure de la croissance zéro, que les Français sont mûrs pour ingurgiter la purge qu’ils n’ont pas digérée hier, alors que la croissance était à plus de 2 %. C’est son pari ! Nous ne parierons pas sur ce cheval de retour.
Guy Rouvrais
Crédit photo : Vegetarien75 via Wikipédia (cc).
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