12/09/2014 – PARIS (Novopress)
Le 18 septembre prochain, l’histoire de notre Continent s’écrira en partie du côté de l’Ecosse. En effet, la question est posée au peuple écossais de savoir s’il souhaitait être indépendant du Royaume-Uni et donc de l’influence anglaise.
Les relations entre l’Ecosse et l’Angleterre ont été marquées pendant de nombreux siècles par de durs conflits entre les deux pays. Il y a exactement 700 ans, en 1314, William Wallace et Robert Bruce – qui avaient réussi l’exploit de fédérer les clans écossais – repoussaient triomphalement les armées de l’envahisseur anglais et offraient ainsi à l’Ecosse son indépendance. Mais le XIVème siècle a réservé bien des batailles entre les deux armées tant et si bien que l’hostilité entre les deux nations est toujours restée vive.
Aujourd’hui, l’Ecosse bénéficie déjà d’une autonomie déjà bien institutionnalisée : parlement régional, pouvoirs en matière judiciaire, politique économique… Mais c’est surtout sur le terrain identitaire que les Ecossais souhaitent se démarquer de leurs voisins anglais.
Descendants des Scots, les Ecossais aiment à se rappeler le soir autour d’un bon whisky tourbé les figures héroïques telles William Wallace ou Robert Burns, les jeux traditionnels (lancé de pierre, tire à la corde, …) qu’on retrouve particulièrement lors des « Highlands Games », musiques traditionnelles teintées de cornemuse et jouées en kilt, légendes mystiques sur les créatures qui hanteraient les lochs… Tant et si bien que l’Ecosse apparaît incontestablement comme une terre d’identité vivante qui attire des millions de touristes par an.
L’Ecosse et la France sont deux nations amies dont l’union a été marquée par la « Auld Alliance », qui remonte au XIIème siècle et qui constitue une entente tripartite (avec la Norvège) contre l’ennemi juré et partagé, l’Angleterre. C’est à ce titre que je me suis intéressé à la question de l’indépendance écossaise ; et je serai sur place jeudi prochain pour vivre l’événement avec le Peuple aux tartans !
De par mes convictions identitaires et mon engagement militant, quelle est ma position sur ce référendum ?
J’exprime ici un point de vue personnel, mais que je sais être partagé par bon nombre de militants identitaires. Je crois que si le « Yes » à l’indépendance l’emportait, c’est l’Ecosse et par ricochet notre Europe qui en sortiraient grandies.
Des siècles de combat pour défendre son identité
Comme vu précédemment, les Ecossais ont toujours souhaité se détacher de la Couronne britannique parce qu’ils revendiquent une identité différente de celle du voisin anglais. Musique, système politique (basé anciennement sur les clans, les grandes familles), religion (la catholicité a mieux résisté au tsunami réformiste)… autant de raisons de refuser de fondre l’Ecosse dans une union britannique.
Par contre – et ce afin d’anticiper toute comparaison malencontreuse – la situation n’a rien à voir ici avec d’autres situations observées dans le monde, par exemple au Kosovo. Ici, il s’agit de rendre l’indépendance à un peuple et une nation préexistants (alors qu’au Kosovo, c’est un peuple envahisseur qui a imposé l’indépendance), installé depuis des siècles sur cette terre qui a fait (et continue à faire…) l’objet de convoitises de la Couronne.
Une victoire contre l’Europe de Bruxelles
Dans une logique de Marché unique sans règles et sans frontières, Bruxelles voit d’un très mauvais œil l’éventualité d’une séparation entre l’Ecosse et le Royaume-Uni. Les récentes déclarations de Baroso sur le sujet en sont la preuve incarnée. Je résumerai ici simplement : « Ce qui déplait à mes ennemis, qu’il en soit ainsi».
Une victoire contre l’alliance anglo-américaine et son idéologie libérale
Le Royaume-Uni est certainement le meilleur allié des Etats-Unis en Europe ; mêmes positions à l’Onu, mêmes engagements militaires, … L’indépendance de l’Ecosse affaiblirait donc Londres et sa City, au moins sur le plan diplomatique puisque le Royaume-Uni perdrait subitement 5,3 millions d’habitants et un PIB de plus de 180 milliards d’euros. Sans parler des ressources pétrolières et gazières qui font baver les places fortes des bourses de Londres et New York.
Une victoire pour la démocratie et la diplomatie
Même si l’Union Européenne ne semble pas apprécier l’exercice (cf référendum sur la Constitution européenne de 2005), l’indépendance pourrait être consacrée par un référendum, un choix du peuple donc, sans violences.
Une victoire pour l’Europe des peuples et des identités
Les Ecossais ne sont pas des Anglais et c’est peut-être sur cette seule question qu’on mettra les deux peuples d’accord. Rendre l’indépendance à l’Ecosse c’est rendre à son peuple sa fierté d’être unique dans un monde qui tend à uniformiser, notamment via des rouleaux compresseurs administrativo-politiques (UE, ALENA, OTAN…). Considérer que les us et coutumes des habitants des Highlands ne sont pas les mêmes que ceux peuplant les rivages de la Cornouailles, cela semble tomber sous le sens.
Mais attention, les Anglais, comme les Ecossais, appartiennent à une même civilisation : l’Europe.
D’inspiration pagano-chrétienne, baignés des valeurs chevaleresques et romantiques, ces deux peuples qui se sont fait bien trop souvent la guerre, devront – en cas de victoire du « Yes » – apprendre à vivre en collaboration et intelligence, via des rapports économiques renforcés et selon une diplomatie consciente de l’intérêt commun qu’ont ces deux peuples vivant sur une île commune. Surtout à une époque où les dangers sont grands et terrifiants pour notre Continent.
Je serai donc le 18 septembre prochain dans les rues bruyantes de ce magnifique pays. J’espère que je fêterai la victoire du « Yes » au son des cornemuses et des tambours, ivre de bonheur et de scotch, pour tout un peuple vaillant et combattant.
Que résonne sans fin le « Flower of Scotland », pour l’Ecosse, au nom de notre Auld Alliance et de notre Europe !
Vous pourrez suivre en live le déroulé de cette journée historique du 18 septembre via mon compte Twitter : @PierreLarti
Pierre Larti,
Conseiller fédéral Génération identitaire Paris