26/08/2014 – PARIS (NOVOPress)
Titre historique de la presse libre, Présent constitue depuis sa fondation en 1982 une bouffée d’air frais dans l’habituel confinement politiquement correct des kiosques. Frappé comme de nombreuses publications par le recul de la presse papier, le quotidien a connu fin 2013 une période de turbulences.
Repris par une nouvelle équipe d’amis et contributeurs, Présent repart plus que jamais à l’offensive, les combats ne manquent pas et les premières lignes militantes réclament des munitions intellectuelles. C’est dans cet esprit que Novopress a noué en juin dernier un partenariat quotidien avec le journal.
Nous avons rencontré Francis Bergeron, directeur du comité de rédaction et Samuel Martin, rédacteur en chef.
Propos recueillis par Pierre Saint-Servant
Francis Bergeron, vous avez aux côtés de Jean-Pierre Blanchard repris les rênes de Présent il y maintenant plusieurs mois, dans quel contexte cette « reprise » s’est-elle déroulée ?
Francis Bergeron : Cette reprise s’est opérée dans un contexte extrêmement simple à exposer, plus compliqué à vivre : le journal était proche du dépôt de bilan, car il ne comptait plus que 2.000 abonnés et 300 ventes en kiosques. Moins de 3.000 lecteurs au total, y compris les abonnements sur Internet. 450.000 € de pertes cumulées. Ne rien faire, c’était la mort assurée.
Cinq amis de Présent (Jean-Pierre Blanchard, Me François Wagner, qui est le fils de Me Georges-Paul Wagner, l’un des dirigeants historiques de Présent, Raphaël Dubrule, Zita de Lussy et moi-même) ont répondu à une sorte d’appel au secours d’une partie de la rédaction de Présent et de la totalité de son équipe administrative, et ont accepté, bénévolement, de se partager les différentes actions de pilotage pour redresser le journal.
Tout changement suscite toujours des interrogations, des inquiétudes, même. Mais en l’occurrence ne rien faire était la certitude que ce quotidien, auquel nous étions tous très attachés, disparaitrait.
Nous avons pris de front et au plus vite toutes les problématiques du journal : la gestion des abonnements, le loyer de nos bureaux, le réglage des mises en kiosque, la défiscalisation des dons, la prospection etc. Sans parler du contenu rédactionnel.
Quel bilan tirez-vous des quelques mois écoulés ? Quels chantiers restent à conduire ? Quels sont les motifs d’espérance ?
Samuel Martin : Les six mois écoulés ont été difficiles. Réorganiser le travail quotidien tout en l’assurant est une tâche compliquée. Cependant le journal a paru chaque jour et s’est amélioré. Il reste des défauts ? Des lecteurs nous les signalent, nous les reprochent, peut-être ignorent-ils que ces défauts nous les connaissons mieux qu’eux : ce sont les nôtres… Heureusement, d’autres lecteurs, plus bienveillants, nous félicitent pour les améliorations effectuées ! Nous avons à progresser sur l’anticipation et la réactivité. Une plus grande structuration du journal est également un des chantiers de la rentrée. Les motifs d’espérance existent. D’une part il n’est pas possible qu’autant d’efforts conjugués en matières journalistique, commerciale et gestionnaire n’aboutissent pas à un résultat. D’autre part Présent existe « de nouveau », si l’on peut dire : les gens le repèrent mieux en kiosque, et Libération, Le Monde l’ont cité. Cela n’était pas arrivé depuis longtemps. Cette visibilité est une des conditions de relance.
Présent constitue très concrètement le dernier quotidien dissident présent dans les kiosques. Son rôle est donc indispensable et s’articule donc avec les autres supports de réinformation. Cette complémentarité est-elle l’un de vos axes de travail prioritaires ?
Francis Bergeron : Présent est en effet le seul quotidien papier de réinformation non conformiste ou dissident. Il n’entre en concurrence avec aucun autre média de même esprit. Mais il nous semble parfaitement complémentaire d’une radio comme Radio Courtoisie, d’une télévision comme TV libertés, ou encore du travail réalisé par Novopress, sans parler de Chiré-en-Montreuil, dans le domaine du livre et des revues.
Nous voulons développer très vite un maximum de partenariats, ceci pour plusieurs raisons : le temps nous presse, et Présent n’a donc ni les moyens ni le temps d’évoluer lui même dans son coin vers un outil multimédias. C’est un tournant qu’il aurait fallu prendre, une stratégie qu’il aurait fallu mettre en œuvre, il y a dix ans, peut-être, comme a su le faire par exemple Le Figaro. Aujourd’hui nous ne pouvons mobiliser l’essentiel de nos moyens, de nos forces vives, que vers le support papier : ce que nous faisons, ce que nous savons faire, et ce que nous devons faire encore mieux. Mais qui plus est, parce que la nature a horreur du vide, les nouveaux supports médiatiques, les médias sociaux, ont été (heureusement !) investis par des équipes de grand talent, très performantes, rodées à ces techniques particulières. Du même coup, la bonne solution, qui est aussi la seule, à mon sens, c’est de développer des partenariats avec ces équipes par une perméabilité de l’information entre les différentes supports, un accueil réciproque des collaborations, de la publicité croisée pour faire connaitre l’ensemble de nos outils auprès de nos publics respectifs.
Et, qui sait ?, demain nous serons peut-être capables de réaliser ensemble des campagnes d’opinion sur des thèmes choisis, ou imposés par l’actualité. De notre faiblesse d’origine : l’absence complète de stratégie multimédia, peut naitre un bien : un vrai réseau de collaborations médiatiques nous mettant globalement en capacité d’influencer l’opinion publique.
C’est tout à fait l’esprit du partenariat noué entre Présent et Novopress. Que retirez-vous de ce dernier ?
Samuel Martin : La présence chaque jour de la une et d’un article sur votre site est une vitrine importante. Cela renforce notre présence sur internet, en complément de Twitter et de Facebook. Au-delà, des partenariats en matière d’interviews permettent d’enrichir les contenus de Novopress et de Présent d’une façon harmonieuse, sans cette rivalité nuisible souvent constatée entre sites internet et presse papier : les blogs pompent les journaux, les journaux courent après une immédiateté qu’ils n’atteindront jamais. Dès lors qu’on considère ces différents médias comme complémentaires et qu’ils collaborent, l’enrichissement est réel et partagé.
Seconde et dernière partie de l’entretien mercredi 27/08/2014 à 16h30.